Des guerres coûteuses, des baisses d'impôts et la crise de 2008 sont quelques-uns des facteurs qui font que les États-Unis, première puissance mondiale, se retrouvent aujourd'hui au bord du défaut de paiement, ce qui pourrait affecter durement l'économie de la planète.

Comme le président Barack Obama l'a expliqué sans détours dans un discours à la Nation lundi soir: «au cours de la dernière décennie, nous avons dépensé plus d'argent que nous n'en avons encaissé».

En 2000, le budget fédéral américain affichait un excédent de 236,2 milliards de dollars. En février 2011, l'administration Obama prévoyait un déficit de 1650 milliards pour l'année en cours, un chiffre récemment ramené à 1300 milliards par le bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme non-partisan.

Les démocrates se plaisent à rappeler que le budget fédéral était excédentaire lorsque Bill Clinton a quitté la présidence en janvier 2001 et que les déficits ont commencé à atteindre des sommets sous la présidence de son successeur, George W. Bush.

Mais Bill Clinton avait lui-même bénéficié des hausses d'impôts décidées par son prédécesseur, George Bush père, à qui elles avaient peut-être coûté sa réélection.

La «bulle» du secteur informatique avait également gonflé les recettes fédérales sous Clinton. Elle allait éclater en mars 2001, sous la présidence de George W. Bush, une année qui allait se terminer sur l'envoi de troupes en Afghanistan à la suite du 11-Septembre.

En 2003, le président Bush ordonne l'invasion de l'Irak pour en déloger Saddam Hussein, mais refuse, avec ses alliés républicains, de procéder à des hausses d'impôts. Beaucoup de démocrates vont néanmoins voter le financement de ces deux conflits, y compris le sénateur Barack Obama.

De leur côté, d'éminents républicains aujourd'hui adeptes de la sobriété fiscale, comme les chefs de file du parti à la Chambre des représentants et au Sénat, John Boehner et Mitch McConnell, avaient également soutenu sans réserves l'approche de George W. Bush.

Les États-Unis ont dépensé 1283 milliards pour les guerres en Afghanistan et en Irak en 2011, selon un rapport publié en mars par le service de recherches du Congrès (CRS), une autre entité non partisane.

Selon le CRS, les baisses d'impôts votées entre 2001 et 2004 ont coûté, toujours en 2011, 1760 milliards au budget fédéral.

Par ailleurs, une politique de remboursement des médicaments plus avantageuse pour les personnes âgées, approuvée en 2003 par les deux partis, s'est traduite par un coût supplémentaire de 552,2 milliards sur 10 ans, selon le CRS.

George W. Bush avait hérité d'une dette de 5700 milliards. En janvier 2009, à la fin de son second mandat, elle avait grossi de 4900 milliards, et l'économie américaine subissait de plein fouet la crise des «subprimes». «Wall Street s'est saoulé, et maintenant c'est la cuite», résumait le président Bush en juillet 2008.

Le plan de sauvetage mis sur pied par Obama a coûté 800 milliards de plus, sans réussir à relancer l'emploi. Et la dette a continué de s'accumuler, atteignant le 16 mai 2011 le plafond de 14 300 milliards autorisé par le Congrès.

C'est un choix douloureux qui attend les dirigeants américains le 2 août, lorsque le gouvernement se retrouvera à court d'expédients si ce plafond n'est pas relevé: faire défaut sur une partie de la dette ou tailler dans les dépenses de santé ou de retraite.

Et le monde économique et financier craint les ondes de choc dans le monde si aucun accord n'est trouvé. M. Obama lui-même a évoqué une «Apocalypse» économique.

Mais les dirigeants républicains doivent gérer l'intransigeance de leurs membres ultra-conservateurs, proches de la mouvance du «tea party», qui rejettent toute hausse d'impôt, éloignant la perspective d'un compromis.