Le lobby bancaire qui a lancé jeudi une offre des créanciers privés pour réduire la dette de la Grèce, l'Institut de la finance internationale (IIF), a prévenu lundi que cette offre ne tiendrait pas sans nouveau prêt du Fonds monétaire international à Athènes.

Si le FMI n'apportait pas plus d'argent à la Grèce, «je pense que non seulement notre offre ne serait plus valide, mais le plan Marshall européen et le programme du FMI pour la Grèce ne le seraient pas non plus», a affirmé le directeur général de l'IIF, Charles Dallara, lors d'un point de presse à Washington.

Lors de la présentation de cette offre jeudi, l'IIF avait indiqué que ce nouveau prêt du FMI, venant remplacer celui de 30 milliards d'euros accordé en mai 2010, faisait partie des conditions.

«Le terme que nous avons employé était 'supplémentaire'. Cela a été approuvé par tous les responsables dans la pièce au sommet des chefs d'Etat» de la zone euro à Bruxelles jeudi, a rappelé M. Dallara.

La directrice générale du FMI Christine Lagarde en faisait partie.

Interrogé sur la possibilité que le conseil d'administration ne la suive pas, M. Dallara a répondu qu'il ne voulait «pas la mettre dans une situation embarrassante». «C'est elle la nouvelle directrice générale, elle doit suivre les signaux que lui donne son conseil d'administration», a-t-il ajouté.

L'offre de l'IIF, soutenue initialement par une liste de 30 institutions financières parmi les créanciers les plus importants de la Grèce, doit permettre à Athènes de réduire ses besoins de financement de 54 milliards d'euros sur trois ans, et 135 milliards d'euros d'ici à fin 2020.

Elle consiste à échanger volontairement des obligations grecques contre de nouveaux «instruments» de dette spécialement créés, avec des maturités plus longues et des intérêts réduits.

M. Dallara a indiqué qu'il appartenait maintenant au gouvernement grec d'y répondre formellement, avant qu'elle ne soit officiellement ouverte.

«Maintenant c'est aux Grecs et à leurs conseillers de traduire cette offre en une offre technique d'échange sur le marché. Et ils laisseront cette offre ouverte pendant un certain temps: il faut qu'ils décident, généralement c'est plusieurs semaines», a-t-il expliqué.

Le directeur général de l'IIF a ajouté qu'une autre condition pour que cette offre tienne était de réformer le fonctionnement de l'économie grecque.

«Si on veut vraiment se pencher sur ce qui peut améliorer la croissance là-bas, il s'agit de la dérégulation et de l'amélioration de la structure concurrentielle en Grèce, combinée à un contexte beaucoup plus attrayant pour l'investissement. Et il y a beaucoup de place pour cela», a-t-il déclaré.

Mais «il faut que nous soyons réalistes et pas que nous attendions une guérison du jour au lendemain. Et il est juste de dire qu'il faudra probablement une génération pour changer certaines de choses», a-t-il considéré.

M. Dallara avait rencontré dans la matinée de lundi le ministre des Finances grec, Evangélos Vénizélos.