L'économie chypriote se trouve en «état d'urgence» et risque de devoir recourir à un soutien financier extérieur en l'absence de «mesures draconiennes» immédiates, a prévenu le gouverneur de la banque centrale Athanasios Orphanides dans une lettre au président chypriote.

«Je crois que l'économie est en état d'urgence, comparable à celui de 1974», lors de l'invasion turque d'une partie de l'île, écrit le gouverneur dans une lettre datée du 18 juillet et adressée au président Demetris Christofias, vue mercredi par l'AFP.

«Pour éviter le pire, notamment que Chypre ne soit contrainte de recourir à un mécanisme de soutien, et tout ce que cela implique pour l'économie, de nouvelles mesures plus draconiennes doivent être prises immédiatement», souligne-t-il.

C'est la première fois que le gouverneur, qui siège au conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne (BCE), suggère que Chypre pourrait avoir besoin d'une aide financière.

M. Orphanides explique son inquiétude par «le climat international défavorable, la difficulté à emprunter à l'extérieur et les conséquences économiques des récents événements à Vassiliko», dans une allusion à l'explosion le 11 juillet d'une cargaison d'armes sur une base navale, qui a fait 13 morts et détruit la principale centrale électrique du pays.

L'accident a aussi provoqué une grave crise politique avec un président et un gouvernement de plus en plus affaiblis face à une contestation populaire croissante. Les ministres de la Défense et des Affaires étrangères ont notamment démissionné.

Demetris Christofias, qui dirige une coalition composée des partis communiste Akel, auquel il appartient, et centre-droit Diko, doit rencontrer les autres responsables politiques du pays vendredi pour étudier les mesures économiques à prendre pour faire face aux conséquences de l'explosion.

Celle-ci provoque notamment des coupures d'électricité quotidiennes dans la partie sud de l'île, la partie nord étant occupée depuis 1974 par la Turquie et sous administration de la République turque de Chypre du Nord (RTCN) qui n'est reconnue que par Ankara.