Après les affrontements violents à Athènes qui ont opposé la semaine dernière police et manifestants anti-austérité, le gouvernement grec espère que les images diffusées dans le monde entier ne vont pas affecter l'une des principales sources de revenus du pays, le tourisme.

«Nous n'enregistrons aucune annulation» de réservation hôtelière, a indiqué dimanche à l'AFP le président de l'association du tourisme et des agences de voyages hellènes (Hatta) Georges Telonis.

Mais il s'inquiète néanmoins des effets à long terme des émeutes et n'exclut pas que des annulations puissent intervenir, notamment dans les hôtels situés autour de la place Syntagma, noyée sous les gaz lacrymogènes de la police la semaine dernière, alors que les députés votaient deux lois budgétaires d'austérité vivement contestées, à la demande des créanciers du pays.

Les manifestants ont cassé à coup de barres de fer les marches de l'entrée de trois hôtels de luxe, utilisant les bouts de marbre comme munition contre la police. L'Hôtel King George a dû être évacué.

«Certains touristes étrangers ont peur de ce qu'ils ont vu à la télévision, mais cela ne touche que le tourisme à Athènes, pas sur les îles», souligne une salariée dans une agence de voyages qui requiert l'anonymat.

«C'est pour cela qu'il y a de plus en plus de vols directs vers les îles, contournant Athènes», ajoute-t-elle, d'autant plus que les taxes d'atterrissage de l'aéroport international d'Athènes sont beaucoup plus élevées que celles des aéroports régionaux.

Le gouvernement grec fait tout ce qu'il peut pour promouvoir la Grèce comme une destination sûre.

«L'image de la Grèce dans son ensemble n'est pas celle» que les médias ont donné la semaine prochaine lors des violences à Syntagma, a indiqué lundi le porte-parole du ministère des Affaires étrangères Grigoris Delavékouras.

«Notre objectif est de promouvoir l'autre Grèce, qui promet une expérience touristique inoubliable, car la Grèce est une destination touristique extraordinaire», a ajouté M. Delavékouras.

«Le produit touristique Grèce est d'excellente qualité, nous ne devons pas le ternir, et nous devons tourner la page», a dit le ministre de la Culture et du Tourisme Pavlos Geroulanos sur la chaîne de télévision Skai en précisant qu'un «effort collectif» était réalisé pour attirer une nouvelle clientèle d'Israël, de Russie, et de Turquie en Grèce.

Selon des chiffres publiés lundi par le quotidien grec Kathimerini, le nombre surtout de touristes serbes et russes a crû ce printemps, grâce à la baisse des tarifs sur les forfaits.

Les agents de voyage locaux ont indiqué lundi que l'île de Rhodes située en mer Égée, dans le Dodécanèse (sud), fait le plein, avec un bond de 28% du nombre d'arrivées en juin par rapport au même mois de 2010.

Les Britanniques et les Allemands sont en tête des arrivées, suivis par les Italiens, les Suédois, les Russes et les Israéliens.

Au printemps, la Grèce a aussi bénéficié d'un report de clientèle de la Tunisie ou d'Égypte, après les soulèvements arabes qui ont vidé les hôtels de l'autre côté de la Méditerranée.

«Il y a une augmentation comprise entre 5 et 6% du nombre de visiteurs par rapport à l'an dernier, un chiffre qui devrait augmenter à 8% au cours des mois à venir», estime M. Telonis.

Le tourisme représente 18% du PIB grec, et le gouvernement mise sur cette manne pour essayer d'activer la croissance en berne du pays, et sortir de la récession où il est englué, ajoute-t-il.

L'an dernier, l'émergence de la «crise grecque» accompagnée du premier plan d'austérité et de manifestations, au cours desquelless trois personnes ont été tuées dans un incendie, avaient provoqué une chute de 7,3% des revenus touristiques au cours des dix mois terminés en novembre 2010.