La Grèce a obtenu samedi soir l'assurance qu'elle recevrait avant mi-juillet l'argent dont elle a un besoin urgent pour éviter la faillite, avant un nouveau plan de sauvetage à plus long terme qui pourrait selon Berlin se faire attendre jusqu'à l'automne.

Les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur feu vert au versement «d'ici le 15 juillet» à Athènes de 8,7 milliards d'euros de prêts, selon un communiqué publié à l'issue d'une conférence téléphonique de leur forum de discussion, l'eurogroupe.

D'ici là, le Fonds monétaire international doit débloquer en principe le versement de 3,3 milliards supplémentaires, probablement le 8 juillet. Reste à savoir si les gages donnés par l'Europe suffiront.

Les difficultés des dernières semaines autour de la Grèce sont en effet venues du fait que le FMI a exigé comme préalable que l'Europe mette sur pied un nouveau plan de sauvetage pour le pays afin de boucher un trou imprévu de financement dans l'année qui vient.

Or, ce plan n'est toujours pas ficelé. Et la toute nouvelle directrice générale du FMI, la Française Christine Lagarde, risque de porter le flanc aux critiques à peine nommée si elle accepte de débloquer trop facilement les prêts de l'institution.

Si ce point est résolu, Athènes percevra la cinquième tranche des 110 milliards d'euros sur trois ans promis en mai 2010 lors d'un premier plan de sauvetage.

La décision européenne était attendue après l'adoption cette semaine par le Parlement grec d'un nouveau programme d'austérité très controversé exigé par ses bailleurs de fonds internationaux.

Elle «renforce la crédibilité internationale du pays», s'est félicité le ministre des Finances grec, Evangelos Venizelos.

Le FMI a salué le feu vert au déblocage des fonds européens, sans préciser à quelle date il ferait de même.

«Cet engagement, associé à la récente adoption par le parlement de mesures budgétaires en Grèce, permettra au conseil d'administration du FMI d'envisager la conclusion de la quatrième revue et le versement de la prochaine tranche», a indiqué la porte-parole du FMI, Caroline Atkinson.

Athènes, qui n'arrive pas à faire face aux remboursements de son énorme dette chiffrée à environ 350 milliards d'euros, risquait sans cet argent de se retrouver en défaut de paiement.

Mais la Grèce n'est pas durablement à l'abri d'une faillite. Pour être sûre de tenir d'ici fin 2014, elle a réclamé le deuxième plan de sauvetage d'un montant similaire au premier.

Pour cela, la Grèce doit convaincre l'Allemagne, dont le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a douché les espoirs d'une décision dès juillet sur un deuxième plan.

Il a évoqué samedi soir une finalisation seulement «avant le versement de la prochaine tranche (des prêts promis en 2010) à l'automne», et exige qu'auparavant Athènes tienne ses promesses, notamment sur les privatisations qui «doivent par exemple démarrer immédiatement».

Certains diplomates tablent aussi sur des discussions jusqu'en septembre, même si le communiqué de l'eurogroupe évoque des décisions «dans les prochaines semaines». «Nous ne sommes plus dans l'urgence», dit l'un d'eux.

Les négociations sont surtout centrées sur la participation des banques et autres créanciers privés de la Grèce.

L'Institut de la finance internationale (IIF), le lobby mondial du secteur financier, a promis son soutien vendredi, et le principe d'un «roulement» de dette, voyant les créanciers renouveler une partie de leurs prêts arrivant à échéance d'ici fin 2014, est désormais acquis.

Mais il faut régler des détails techniques complexes pour éviter que l'opération ne soit assimilée à un défaut de paiement d'Athènes, qui réduirait tous les efforts à néant.

L'implication du secteur privé sera encore discutée lors d'une réunion de l'eurogroupe prévue à Bruxelles le 11 juillet.

«Je ne peux pas garantir qu'il y aura le 11 un montant pour la participation du secteur privé et pour le programme d'aide global», prévient toutefois un diplomate.

L'éventualité d'une faillite grecque inquiète au-delà de la zone euro. Les États-Unis notamment ont multiplié les mises en garde: leur chef de la diplomatie, Hillary Clinton, a encore appelé samedi les Européens à apporter une réponse «forte, souple et efficace» à la crise.

En Europe, les deux autres pays ayant eu besoin d'aide, Portugal et Irlande, sont en première ligne. Mais l'Espagne inquiète aussi depuis des mois à cause de son secteur bancaire fragile, et l'Italie est dans le collimateur de certaines agences de notation en raison de sa dette très élevée.