L'ex-représentante en assurance collective Carole Morinville ne s'est pas présentée, hier, à la première journée d'audience du comité de discipline de la Chambre de la sécurité financière, à Montréal. Il semble qu'on ne la verra pas non plus le restant de la semaine.

«Elle ne se présentera pas ni aujourd'hui ni plus tard cette semaine», a fait savoir son avocat, Me Robert Delorme, au cours d'une pause.

Carole Morinville, qui est accusée de fraude au criminel, fait déjà l'objet d'une radiation provisoire de son ordre professionnel. Cette radiation a été prononcée le 13 juillet 2010 avant audience, ce qui est exceptionnel et témoigne de la gravité des fautes qui lui sont reprochées.

Reportée à quelques reprises, l'audience du comité de discipline de la Chambre de la sécurité financière a finalement commencé hier. Elle doit se poursuivre pendant cinq jours, mais l'avocat de Carole Morinville croit qu'elle se terminera probablement avant vendredi.

Hier, le comité de discipline a entendu le témoignage de l'enquêteur au bureau de la syndique, Laurent Larivière, et celui de deux ex-clientes de Mme Morinville. Une ordonnance de non-publication nous empêche de nommer les témoins.

«C'est l'écriture de Carole Morinville»

Mme Morinville s'appropriait l'argent de ses clients en remplissant elle-même les chèques de ses clients qu'ils faisaient au nom d'une société à numéro lui appartenant. Le compte bancaire de la société à numéro était un compte personnel et non pas un compte en fidéicommis, a révélé l'enquêteur dans son témoignage.

«C'est l'écriture de Carole Morinville», a répété à plusieurs reprises la première femme à témoigner à l'avocat du plaignant, Me Éric Cantin. Il lui demandait qui avait rempli les nombreux chèques personnels faits au nom de la société à numéro.

En contre-interrogatoire, l'avocat de Mme Morinville a demandé à la dame à la retraite pourquoi elle n'avait pas demandé des explications à Mme Morinville au sujet de la société à numéro au nom de qui les chèques étaient faits.

«Je pensais que c'était mon numéro de compte chez Manuvie, s'est-elle contentée de répondre. Je lui faisais confiance, a-t-elle dit à propos de Carole Morinville. Je la considérais comme une amie.»

Sur le même sujet, Me Delorme avait demandé plus tôt dans la journée à l'enquêteur Laurent Larivière s'il avait cherché à savoir pourquoi les témoins faisaient des chèques à une société à numéro plutôt qu'à Manuvie.

Elle risque la radiation permanente

En plus de reprocher à Mme Morinville de s'être approprié les fonds de ses clients à des fins personnelles, la syndique adjointe lui reproche d'avoir exercé des activités dans des disciplines pour lesquelles elle ne détenait pas de certificat. La plainte porte aussi sur de possibles conflits d'intérêts. Le bureau de la syndique se plaint également que l'intimée ait refusé de répondre avec diligence à ses demandes d'informations. Si elle est reconnue coupable, Carole Morinville risque la radiation permanente.

La femme de 50 ans est soupçonnée d'être à l'origine d'un stratagème à la Ponzi. Elle aurait soutiré 1,5 million de dollars à des investisseurs, entre 2007 et 2010. En mai, le fonds d'indemnisation de l'Autorité des marchés financiers a annoncé l'indemnisation de 28 clients, dont l'actrice Karine Vanasse, pour une somme totale de 1,6 million de dollars.

La Chambre de la sécurité financière voit à la protection du public en veillant à la discipline des représentants et au respect par ceux-ci des règles de déontologie. Le témoignage de deux autres clientes de Mme Morinville est prévu aujourd'hui.