Quelle peine recevront les coaccusés de Vincent Lacroix? La Couronne demande dix ans derrière les barreaux pour Serge Beugré, ex-numéro deux de Norbourg, et neuf ans de prison pour Jean Cholette, ex-responsable des finances.

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La défense suggère plutôt une peine de trois ans de prison pour chacun des deux hommes condamnés pour fraude et fabrication de faux documents le mois dernier. Le juge Marc David rendra sa décision le 6 juin.

L'ex-PDG de Norbourg, Vincent Lacroix, a obtenu une peine de 13 ans de prison en plaidant coupable à diverses accusations, dont celle de fraude, passible d'un maximum de 14 ans de prison. «Les peines demandées (pour Serge Beugré et Jean Cholette) s'inspirent de celle infligée à Vincent Lacroix», dit le procureur de la Couronne, Serge Brodeur.

La Couronne demande neuf ans de prison pour Jean Cholette, qu'elle décrit comme «l'homme de confiance de Vincent Lacroix». Elle réclame une année supplémentaire en prison pour Serge Beugré en raison de son statut d'administrateur, de sa réputation dans le milieu financier et de son rôle de «porte-voix» de Norbourg dans les médias, notamment à la chaîne de télé Argent.

La complexité et la durée du stratagème, les bénéfices personnels et l'appât du gain des deux fraudeurs ainsi que l'impact de la fraude sur les victimes de Norbourg militent pour une peine sévère, selon la Couronne. «Certaines victimes ont pensé au suicide», dit le procureur Serge Brodeur, qui a déposé en preuve les témoignages de 25 victimes de Norbourg.

La Couronne estime que l'absence d'antécédents judiciaires ne devrait pas amener une peine plus clémente. «Les crimes économiques sont souvent commis par des personnes sans tache», dit le procureur Serge Brodeur.

La défense fait une lecture différente des événements ayant mené à la condamnation des deux anciens employés de Norbourg. «Aucune des victimes n'avait une relation de confiance avec Serge Beugré, dit son avocat, Pierre Panaccio. Elles ne le connaissaient pas. M. Beaugré fonctionnait bien dans la société avant Norbourg, il avait une réputation enviable et il a été approché par Vincent Lacroix parce que c'était quelqu'un de bien.»

L'avocat de Jean Cholette demande aussi au juge Marc David d'imposer la peine la moins sévère dans les circonstances. «Mon client a été déclaré coupable, mais ce n'est pas un criminel, dit Me Louis Gélinas, qui représente Jean Cholette. Avant d'entrer chez Norbourg, c'était un citoyen honnête. Après Norbourg, il est redevenu un citoyen honnête. C'est de côtoyer Vincent Lacroix qui l'a amené à commettre ces gestes.»

Un seul témoin a été entendu hier au cours des plaidoiries sur la peine: Harold Kakou, ami de longue date de Serge Beugré qui l'héberge depuis trois ans. «Serge est un père très présent pour ses deux enfants (11 et 13 ans). Il a une vie familiale plus qu'exemplaire. Mes enfants sont aussi très attachés à lui. Lorsqu'on leur a expliqué la situation, les enfants ne comprenaient pas. Ils ont dit: «Tonton Serge ne peut pas faire ça.» Il y a un vide chez nous (depuis son départ)», dit Harold Kakou, qui a choisi Serge Beugré comme parrain de son fils.

Serge Beugré et Jean Cholette ont été condamnés pour fraude et fabrication de faux documents le mois dernier, tandis que l'ex-informaticien Félicien Souka et l'ex-fonctionnaire Jean Renaud ont été acquittés des mêmes accusations. Le jury n'a pas pu s'entendre sur le sort de l'ex-vérificateur Rémi Deschambault. La Couronne n'a toujours pas décidé si elle allait lui intenter un troisième procès.

Contrairement à Vincent Lacroix, les coaccusés Serge Beugré et Jean Cholette ne seront pas admissibles à la libération conditionnelle au sixième, mais plutôt au tiers de leur peine. La loi a été changée le mois dernier.