Le Canada a beau avoir mieux tiré son épingle du jeu durant et après la grande récession que ses partenaires du G7, c'est avec beaucoup de prudence que le ministre des Finances a choisi ses hypothèses de croissance pour élaborer ses prévisions budgétaires.

Il s'est appuyé sur la prévision moyenne d'économistes de 15 institutions privées rencontrés le 11 mars, jour du tremblement de terre et du tsunami au Japon.

Ils ont en général prévu des prix des produits de base inférieurs à ceux observés dans les contrats à terme récents. Ainsi, ils voient le baril de pétrole à moins de 85$US en moyenne cette année et l'an prochain, alors qu'il se négocie autour de 102$US ces jours-ci.

«Si les prix des produits de base suivent l'évolution prévue par les marchés à terme ou s'ils demeurent près des niveaux actuels, l'inflation du PIB et, en conséquence le PIB nominal, seront supérieurs aux prévisions de l'enquête de mars, lit-on dans le Plan budgétaire.

À cette ceinture, le ministère des Finances ajoute des bretelles en retranchant 10 milliards par année à la valeur projetée du PIB nominal. Ce faisant, il s'attribue un peu moins de la moitié de la révision à la hausse de la valeur du PIB nominal faite par les économistes depuis leur estimation d'octobre.

Ces polices d'assurance prises, la croissance nominale escomptée s'élève à 5,8% cette année et encore de 5,0% l'an prochain. Exprimée en dollars d'aujourd'hui, la valeur des biens et services produits devrait atteindre 1688 milliards cette année et 1778 milliards l'an prochain.

L'expansion économique va permettre de ramener de 8% à 7,5% le taux de chômage moyen cette année et à 7,25 l'an prochain.

L'emploi en meilleure posture

Au chapitre du marché du travail, le Canada se démarque de ses partenaires en étant le seul à compter plus d'emplois qu'au moment d'entrer en récession.

Aux États-Unis, seul 1 emploi sur 7 parmi les 8,8 millions perdus a été recouvré. Le taux de chômage américain se situe à 8,9%, contre 7,8% chez nous.

En fait, rappelle le ministère des Finances, le taux de chômage canadien serait de 6,8% selon la méthodologie américaine, dont la notion de chômeur est beaucoup plus restrictive.

Il y a plus encore

«Une fois les pertes d'emplois soustraites (11 000) des emplois créés (493 000), on constate que tous les emplois créés depuis juillet 2009 l'ont été dans des industries à rémunération relativement élevée, lit-on aussi. De plus, près des trois quarts de ces emplois sont à temps plein.»

Pour arriver à ce calcul, le Ministère s'est basé sur les données de Statistique Canada dans 105 industries. Une rémunération élevée, c'est un salaire horaire moyen est supérieur à la moyenne globale.

La croissance de l'emploi n'est pas qu'un phénomène lié à une reprise plus robuste chez nous qu'ailleurs. Elle se démarque aussi de celle des autres membres du G7 depuis 5 ans. De 2006 à 2010, elle a crû de 5,8% alors qu'il faut parler de décroissance au Japon et aux États-Unis.

Cela se reflète aussi dans le revenu réel disponible (qui exclut l'inflation), alors qu'il s'est replié au Japon et en Italie.