L'intervention concertée des banques centrales du G7 pour enrayer la flambée du yen a de bonnes chances de succès, au moins à court terme, même si la Banque du Japon fera l'essentiel du travail, estimaient vendredi des analystes en notant le caractère historique d'une telle action.

Le G7, qui réunit les sept principales économies de la planète (Allemagne, Canada, États-Unis, France, Italie, Japon et Royaume-Uni), a annoncé dans la nuit de jeudi à vendredi une «intervention concertée» pour enrayer la hausse de la devise japonaise.

Le G7 a ainsi apporté tout son poids à la Banque du Japon (BoJ). Celle-ci agissait jusqu'ici de manière unilatérale pour juguler la flambée de sa monnaie depuis le tremblement de terre du 11 mars, qui avait entraîné le yen à des sommets depuis la Seconde Guerre mondiale par rapport au dollar.

Comme l'ont rappelé les cambistes, une telle union sacrée sur le marché des changes est rarissime, les précédents se comptant sur les doigts de la main, ce qui accroît selon eux ses chances de réussite.

La dernière intervention conjointe du G7 remontait à septembre 2000, lorsque le G7 avait uni ses forces pour soutenir l'euro, et avant cela, les accords dits du Plaza et du Louvre, à la fin des années 1980, visant à stabiliser le marché des changes, restent les exemples les plus célèbres.

«Les chances de succès sont bien plus élevées que si la BoJ intervenait toute seule, comme cela avait été le cas en septembre dernier», et «du coup, il y a de bonnes chances que le niveau du yen par rapport au dollar ait atteint un plafond et que les marchés actions se stabilisent», ont estimé les analystes de Commerzbank.

Les banques concernées se sont refusées à divulguer les sommes qu'elles étaient prêtes à engager pour freiner l'envolée de la devise japonaise, comme toujours en pareil cas. Mais d'après plusieurs spécialistes, c'est la Banque du Japon qui devrait faire l'essentiel du travail.

Car celle-ci «dispose dans les faits de munitions illimitées, alors que le reste du monde doit vendre des réserves pour vendre des yens, ou en emprunter auprès de la BoJ», expliquaient Adrian Schmidt et Kenneth Broux, de banque Lloyds.

Dans la pratique, les banques centrales devraient intervenir à tour de rôle durant les échanges dans leur propre zone géographique. Les effets de cette action concertée étaient déjà visibles vendredi sur le marché des changes.

Au cours des échanges matinaux en Europe, la monnaie nippone a ainsi dépassé une nouvelle fois successivement 80 et 81 yens pour un dollar, avant l'entrée en jeu de la Fed dont l'action était de nature à accélérer ce mouvement.

Mais pour les experts, au-delà de ces transactions, les effets de l'intervention du G7 sont avant tout psychologiques, ce qui rend son efficacité à long terme difficile à prédire.

En exprimant sa solidarité avec le Japon, le G7 a «envoyé un message fort aux marchés financiers, à savoir que les mouvements désordonnés sur le marché de devises ne seront pas tolérés», expliquait Derek Halpenny, analyste chez Bank of Tokyo-Mitsubishi, estimant que cette intervention marquerait un tournant.

D'autres experts rappelaient à l'inverse que des interventions similaires ont parfois échoué par le passé, lorsque les facteurs économiques poussant en sens inverse s'avéraient trop puissants.

Julian Jessop, du cabinet Capital Economics, qui table tout de même sur un affaiblissement à moyen terme du yen, prévenait ainsi que l'accalmie constatée ce vendredi sur le marché des changes «pourrait n'être qu'un mirage».

Le Canda participe à l'initiative

Le Canada s'est joint à l'action concertée des pays du G7 en vendant des yens, a annoncé vendredi la Banque du Canada.

La banque centrale canadienne a annoncé sa participation dans un communiqué d'une ligne, sans préciser le montant de son intervention.