L'agence de notation financière Standard and Poor's (SP) a abaissé vendredi de deux crans la note souveraine de Bahreïn, dorénavant fixée à «BBB», et envisage de l'abaisser à nouveau, en raison de l'«environnement politique» du royaume.

L'agence précise qu'elle pourrait la revoir à la baisse dans les trois mois au plus tard. En cas de nouvelle dégradation, les titres de dette du Bahreïn seraient classés par l'agence dans la catégorie des placements spéculatifs.

«Les environnements politiques et économiques sont fondamentalement plus difficiles, en raison des événements des trois dernières semaines», estime un analyste cité dans le communiqué de SP: «Malgré les annonces du gouvernement bahreïni concernant plusieurs réformes visant l'amélioration des conditions de vie et (la mise en place) de nouveaux transferts sociaux», SP estime que «les manifestations de la majorité chiite ont conduit à plus de violence».

«L'arrivée de troupes et de policiers, principalement sunnites, en provenance des autres pays du Golfe, ainsi que la déclaration de la loi martiale, pourraient polariser, au lieu de stabiliser, la situation politique très tendue», considère l'agence.

Des soldats saoudiens et des policiers émiratis sont arrivés à Bahreïn lundi pour aider le royaume à contenir la contestation des manifestants chiites, qui réclament depuis le 14 février des réformes et la démission du gouvernement.

L'assaut lancé par les forces de l'ordre bahreïnies mercredi pour reprendre le contrôle du centre de la capitale Manama a fait cinq morts et le pouvoir a décrété un couvre-feu nocturne de crainte de nouveaux troubles.

Selon l'agence de notation, ces troubles vont être dommageables à Bahreïn, «comme centre touristique, et, de manière plus importante, comme centre financier outre-mer, en compétition avec d'autres villes du Golfe».

La note pourrait être «stabilisée au niveau actuel s'il y a une réconciliation» et si «le contrat social est restauré», indique SP.

L'agence pourrait en revanche «abaisser encore la note, si les troubles politiques déstabilisent le système financier ou aboutissent à un niveau de violence supérieure».