Québec prend les grands moyens pour regarnir les coffres de la Régie des rentes du Québec (RRQ). «La RRQ doit être revue sinon elle sera à sec», a dit le ministre des Finances, Raymond Bachand, lors de la présentation du budget.

La RRQ est en déséquilibre financier en raison de la faiblesse des rendements de la Caisse de dépôt et placement du Québec et de la hausse de l'espérance de vie.

Au moment de la création de la RRQ en 1966, un Québécois de 65 ans pouvait espérer vivre jusqu'à 78 ans. Aujourd'hui, c'est 83 ans et ce sera 85 ans en 2020, ce qui fait sept ans de plus à la retraite. Et même si les Québécois vivent plus vieux, ils prennent leur retraite plus tôt qu'avant.

Cela ne peut plus durer.

Travailler plus longtemps

Québec modifiera le calcul des rentes afin d'encourager les gens à travailler plus longtemps. Ceux qui prennent une retraite hâtive seront pénalisés plus lourdement.

Présentement, les Québécois ont droit à leur pleine rente de la RRQ à 65 ans. Mais ils peuvent toucher une rente inférieure dès 60 ans. La rente est réduite de 0,5% pour chaque mois précédant 65 ans, soit une pénalité de 6% par année.

À partir de 2014, cette pénalité augmentera à 0,6%, soit 7,2% par année. Concrètement, un travailleur qui a droit à la rente maximale devra se contenter de 8064$ par année s'il quitte dès 60 ans. C'est 691$ de moins que dans le système actuel, comme le démontre notre tableau préparé par Ernst&Young.

À l'inverse, Québec offrira une bonification encore plus attrayante pour ceux qui demandent leur rente après 65 ans. À partir de 2013, leur rente sera bonifiée de 0,7% par mois, soit 8,4% par année, par rapport à une bonification de 0,5%, soit 6% par année, présentement.

Ainsi, une personne qui attend jusqu'à 70 ans obtiendra une rente maximale de 16 358$ par année, soit 1382$ de plus que dans le système actuel.

Pour encourager les gens à travailler plus vieux, Québec annonce aussi la mise en place graduelle d'un crédit d'impôt pour les travailleurs de 65 ans et plus, à partir de 2012.

À terme, ce crédit de 15% s'appliquera sur la tranche de revenu allant de 5000$ à 15 000$. Il procurera une économie d'impôt pouvant atteindre 1504$ par année.

Cette mesure coûtera 120 millions au gouvernement.

Hausse des cotisations

Québec haussera aussi le niveau de cotisation à la RRQ pour assurer la viabilité à long terme. Une bonne chose, selon le Parti québécois, même si «le gouvernement intervient très en retard», déplore le député Sylvain Simard.

Au niveau actuel, les cotisations sont insuffisantes: la réserve s'épuiserait en 2039.

Afin d'éviter ce scénario, le taux de cotisation grimpera dès l'an prochain. La hausse s'appliquera progressivement, à raison de 0,15 point de pourcentage par année, pendant six ans.

Cela mènera la cotisation de 9,9% aujourd'hui, à 10,8% en 2017 (payée moitié-moitié par l'employeur et l'employé).

Pour un travailleur qui gagne le revenu admissible maximal de 48 300$, la hausse implique une cotisation additionnelle de 33,60$ chaque année. Guère plus que 50 cents par paie hebdomadaire.

À terme, le travailleur versera 201$ de plus à la RRQ qu'aujourd'hui. Le montant sera deux fois plus élevé, soit 402$ par année, pour un travailleur autonome qui doit payer la part de l'employeur et de l'employé.

À partir de 2017, la hausse de la cotisation apportera 1,2 milliard de dollars de plus chaque année dans les coffres de la RRQ.

À partir de 2018, le niveau des cotisations de la RRQ s'ajustera automatiquement, aux trois ans. Cela évitera un nouveau déséquilibre, dit Stéphane Leblanc, fiscaliste associé chez Ernst&Young. «Mais ça peut devenir un fardeau économique si la hausse des cotisations est trop forte.»

RRQ: les rentes vont changer

L'impact de la hausse des pénalités pour les retraites hâtives et de la bonification des rentes pour ceux qui travaillent plus longtemps. Les changements entreront en vigueur entre 2013 et 2016.

Consultez notre tableau en format pdf.