Bien que les Bourses montent depuis deux ans, attendez-vous à une troisième année consécutive de hausse, prévient d'entrée de jeu Pierre Bernard, gestionnaire de portefeuille à l'Industrielle Alliance.

Il est facile de croire qu'après deux années de hausses quand même spectaculaires, la troisième sera plus ardue. Mais plusieurs facteurs militent en faveur d'une continuation de la tendance actuelle, explique M. Bernard.

D'abord, la croissance économique mondiale est de retour à 5%, son niveau d'avant la crise. De plus, le coût de l'argent, c'est-à-dire les taux d'intérêt, est encore très bas et demeure un stimulus majeur pour l'économie et les marchés boursiers.

Mais aussi, le niveau d'encaisse sur les marchés des capitaux est encore très élevé. Le niveau d'encaisse des fonds communs américains représente encore de 4 à 5% des actifs, et plusieurs sociétés commencent à redéployer leur encaisse en achetant des actions.

Enfin, le retour de craintes inflationnistes pourrait être favorable aux marchés boursiers. Une période d'inflation n'est jamais propice à détenir des obligations. L'inflation s'accompagne de hausses de taux d'intérêt, et lorsque les taux augmentent, les prix des obligations diminuent. Ainsi, dès que l'inflation montrera le bout de son nez, les investisseurs auront tendance à fuir les obligations et à redéployer leurs actifs vers les actions. Depuis 2000, nous assistons à un rachat net des fonds d'actions et à une augmentation des actifs dans les fonds d'obligations. On pourrait maintenant vivre la situation inverse.

Bon point d'entrée pour les investisseurs à long terme

Il est reconnu qu'à long terme, les marchés boursiers vont finir par monter et produire un rendement positif pour les investisseurs qui détiendront leurs actions durant une longue période de temps.

Or, cela n'a pas été le cas de la Bourse américaine depuis 10 ans. Si vous aviez acheté l'indice S&P 500 il y a 10 ans, votre rendement avoisinerait 0, car l'indice est au même niveau aujourd'hui qu'à ce moment-là.

Pour corriger cette situation, le marché devra converger vers un chiffre positif au cours des prochaines années, croit M. Bernard. «Le niveau actuel du marché boursier américain, le même qu'il y a 10 ans, offre donc une fenêtre d'entrée très intéressante pour les investisseurs à long terme», dit-il. Dans 10 ans, les gens qui auront investi à la Bourse aujourd'hui s'en féliciteront, selon lui.

Le gestionnaire de l'Industrielle Alliance suggère également les entreprises cycliques, c'est-à-dire celles qui profitent d'une accélération du cycle économique, entre autres les sociétés liées aux secteurs des métaux et des ressources.

Des écueils

Les marchés boursiers avancent rarement en ligne droite. Des replis se produisent régulièrement. Trois principaux écueils guettent les marchés en 2011, explique Luc Girard, du groupe conseil en portefeuille pour les particuliers de Valeurs mobilières Desjardins.

D'abord, l'immobilier. Ce secteur si vital à l'économie américaine peine à se remettre de la dégringolade des prix subie durant la crise. Une remontée du prix des maisons est nécessaire pour rétablir le bilan financier des ménages et stimuler de nouveau la consommation. Pour l'instant, les perspectives sont peu encourageantes.

Ensuite, l'emploi. Plusieurs statistiques semblent démontrer une embellie économique aux États-Unis en 2010. Mais cette reprise économique se fait sans pour l'instant rétablir les emplois perdus durant la récession.

Enfin, les dettes souveraines. Les difficultés appréhendées de certains pays européens à payer leurs dettes ont secoué les marchés boursiers durant le printemps 2010. Certains pays ont réagi en mettant en place des mesures budgétaires afin de colmater les brèches. Toutefois, le risque que resurgissent les mêmes difficultés demeure présent.