En cette fin de campagne REER, j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle. Commençons par la mauvaise. Si la tendance se maintient, nous traverserons en 2011 une autre année financière fortement agitée.

Comme d'habitude, la Bourse nous en fera voir de toutes les couleurs avec son lot de séances en chute libre.

À ce classique de la finance s'ajoutera vraisemblablement cette année une crise du marché obligataire.

Est-ce là la grande catastrophe financière que nous réserve l'année 2011?

Vous conviendrez qu'à la lumière des trois dernières années, la question mérite d'être posée.

Il est évident que les marchés financiers vont à nouveau se faire happer d'aplomb pour l'une de ces mauvaises surprises du monde de la haute finance.

Je vous rappelle que depuis 2008, nous avons notamment eu droit à la faillite de Lehman Brothers et à un grand nombre d'institutions bancaires, à l'effondrement du marché immobilier américain à la suite de la crise des subprimes, à une spectaculaire débandade boursière mondiale, à la déconfiture du papier commercial et de monstrueuses pertes de la Caisse de dépôt et placement du Québec, à une récession mondiale, à des scandales financiers à la Madoff, à la débandade de l'industrie automobile dont la faillite de GM, à une gigantesque crise financière européenne...

Voilà pour la mauvaise nouvelle.

Bonne nouvelle

Passons maintenant à la bonne nouvelle 2011. Après avoir subi depuis trois années tant de catastrophes financières, il est extrêmement rassurant de voir les pays leaders du monde et leurs gouvernements réussir bon an, mal an à nous sortir du pétrin dans lequel des grands financiers de la planète nous ont plongés.

En allongeant des milliers de milliards de dollars pour stimuler l'économie mondiale, il appert que cette coûteuse recette gouvernementale de survie fonctionne avec une efficacité évidente.

C'est en tout cas grâce à cette recette à grande échelle que les marchés boursiers ont réussi à récupérer depuis le creux du dernier marché baissier une grande partie des lourdes pertes de 50% et plus subies entre la fin de 2007 et le 6 mars 2009.

Bien entendu, les coûteuses mesures gouvernementales mises sur pied pour sauver les marchés financiers et l'économie mondiale ne sont pas gratuites.

Il y a un énorme prix à payer. Et c'est l'ensemble des contribuables de chaque pays qui devront défrayer le coût de la facture à même les impôts et les taxes.

Il est bien connu que l'argent du gouvernement trouve sa semence dans les poches des contribuables!

Cette manne de milliers de milliards de dollars saupoudrée par les leaders des pays industrialisés a fragilisé à l'échelle de la planète le marché obligataire.

C'est cet immense marché qui permet aux gouvernements du monde entier et à toutes les grandes entreprises de se financer en émettant des obligations négociables. Le marché obligataire a connu un extraordinaire marché haussier lors de la dernière décennie. Grâce à quoi?

À la baisse historique des taux d'intérêt qui est survenue à la suite de la dernière crise financière mondiale. La valeur marchande des obligations négociables augmente lorsque les taux baissent et vice-versa.

Le problème actuel du marché obligataire? Il est devenu hautement risqué.

Pourquoi? Parce que les taux d'intérêt sont historiquement très bas.

Conséquemment, ils ne peuvent que remonter. Ce qui aura pour effet de faire baisser la valeur marchande des obligations négociables.

Pas de panique! Il faut toutefois rester vigilant devant les décisions de la Réserve fédérale américaine.

C'est elle qui détient entre ses mains le signal d'alerte. Sitôt que la reprise économique américaine sera enclenchée, la banque centrale américaine devra commencer à hausser son taux directeur afin de contrer la menace de l'inflation.