L'activité en fusions et acquisitions internationales a repris en 2010. Au grand bonheur des avocats canadiens qui en ont largement profité.

Que dit-on déjà dans un cas comme ça: après la pluie, le beau temps? Après le calme, la tempête? Peu importe le cliché ou la formulation, il semble bien que l'activité dans le marché des fusions et acquisitions internationales ait repris du poil de la bête en 2010. Et comment!

Pour l'ensemble de l'année, il y a eu plus de 40 000 transactions internationales annoncées, pour une valeur globale de 2400 milliards US. Il s'agit d'une hausse de 23% par rapport à 2009, indique le dernier rapport annuel qui vient tout juste d'être publié par Thomson Reuters.

Ces chiffres font le bonheur de beaucoup de monde, mais particulièrement des avocats transactionnels, au point mort depuis bientôt deux ans.

«Ça bouge, nous sommes débordés!» dit l'associé Norm Saibil, de Blake Cassels & Graydon (Blakes). Le patron du bureau de Montréal a de quoi se réjouir: son cabinet est demeuré toute l'année parmi les meilleurs cabinets du monde pour son rôle de conseiller juridique dans les grandes transactions internationales. Blakes prend le 16e rang mondial, coiffant au passage plusieurs grands cabinets américains et britanniques et tous ses rivaux canadiens. Il est d'ailleurs le seul canadien à terminer 2010 dans les 25 premiers cabinets mondiaux.

En 2010, les avocats de Blakes ont participé à 124 transactions internationales, pour une valeur totale de 103,85 milliards US. C'est surtout le nombre de transactions qui fait plaisir à Norm Saibil, plus que leur valeur, dit-il, car c'est une indication que son cabinet est souvent choisi par les grandes entreprises internationales.

Blakes a notamment conseillé l'australienne BHP Billiton lors de son offre non sollicitée pour le géant canadien de l'engrais PotashCorp, une transaction estimée à 38,6 milliards US. Sauf que, comme la transaction a avorté en cours de route, elle ne figure plus dans les données publiées par Thomson Reuters. Le cabinet a aussi représenté Red Back Mining Inc. pour son acquisition pour plus de 6 milliards US par Kinross Gold Corp.

Norm Saibil s'attend à ce que 2011 soit encore meilleure, notamment parce que plusieurs sociétés ayant été prudentes durant la crise se retrouvent aujourd'hui avec beaucoup de liquidités. Ces «acheteurs stratégiques» devraient donc être très actifs dans les prochains mois. L'année a d'ailleurs commencé sur les chapeaux de roues pour Blakes, alors que le cabinet vient de représenter Cliffs Natural Resources pour son acquisition annoncée hier des Mines de fer Consolidated Thompson, une transaction de 4,9 milliards.

C'est l'américain Skadden qui est le champion du monde 2010 des fusions et acquisitions. Le cabinet new-yorkais a réalisé 227 transactions internationales, pour une valeur totale de 268,8 milliards US. Il devance deux autres américains, Sullivan & Cromwell (243,3 milliards US, 163 transactions) et Freshfields Bruckhaus Deringer (209 milliards US, 234 transactions).

Sans surprise, c'est dans les secteurs des ressources et des services financiers que l'activité en fusions et acquisitions a été la plus forte. Thomson Reuters note que 20,6% de toutes les transactions internationales l'ont été dans le secteur des ressources, alors que celui des services financiers a compté pour 15,2% de toute l'activité. Pas étonnant, donc, que les cabinets canadiens ayant des racines dans l'ouest du pays se sont bien débrouillés en 2010, et qu'ils continueront à tirer leur épingle du jeu en 2011.

Osler coiffe Blakes au Canada

En ce qui a trait aux transactions concernant des entreprises canadiennes, la palme revient cette année à Osler Hoskin & Harcourt.

Avec 49 transactions canadiennes en 2010, pour une valeur totale de 40,2 milliards US, Osler a coiffé de peu son rival Blakes (38,5 milliards US, 92 transactions). Torys (29,3 milliards US, 47 transactions), de Toronto, récolte la médaille de bronze.

En 2010, les avocats d'Osler ont réalisé plusieurs belles transactions, notamment en toute fin d'année alors qu'ils ont conseillé la Banque de Montréal lors de son acquisition pour 4,1 milliards US de la banque Marshall & Ilsley, située dans le Wisconsin.

Le bureau de Montréal a été particulièrement occupé avec plusieurs transactions: l'acquisition de Topigen par Pharmaxis, la fusion Quad/Graphics et de World Color Press, la restructuration d'Aveos, l'acquisition d'Acquisio par le Groupe Pages Jaunes, sans compter les nombreuses emplettes de Quincaillerie Richelieu.

«L'année 2011 sera encore meilleure», estime l'associé Ward Sellers, spécialiste au bureau de Montréal des transactions transfrontalières. Il note le retour de l'optimisme dans les marchés, ou, pour être plus précis, la fin d'une certaine hésitation chez les acheteurs. Il croit également que l'écart de perception de valeur entre vendeurs et acheteurs devrait encore rétrécir au cours de la prochaine année, ce qui devrait favoriser encore plus les rapprochements. Conséquemment, il devrait y avoir encore plus de transactions...

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