Les ex-planificateurs financiers Guy Charron et Richard Lanthier ont plaidé coupable mercredi à 355 infractions pénales à la Loi sur les valeurs mobilières du Québec. Ils ont floué une centaine de victimes pour une somme de 10 millions de dollars, dont plusieurs personnalités du milieu artistique comme l'éditeur Alain Stanké et le comédien Gérard Poirier (Les Plouffe).

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L'auteur et éditeur Alain Stanké a perdu environ 250 000$ en confiant ses économies à Gestion Guychar, société dont l'actionnaire majoritaire est Guy Charron, ex-représentant en assurance et ex-planificateur financier. Alain Stanké a fait appel à son collaborateur Richard Lanthier il y a environ cinq ans. «J'espère qu'ils seront punis. Ce qu'ils ont fait, c'est inhumain. Ils ont floué beaucoup d'argent durement gagné», dit Alain Stanké à La Presse Affaires.

L'auteur et éditeur de livres se rappelle très bien les circonstances ayant mené à sa rencontre avec Richard Lanthier. «J'avais besoin de faire une planification financière et un ami d'un ami me l'avait référé. Je n'ai jamais été très fort dans les placements, même si j'ai déjà eu des entreprises (il a vendu sa maison d'édition à Quebecor en 1997). Richard Lanthier avait comme tactique de se lier d'amitié avec ses clients. Il disait qu'il s'occupait de moi, il voulait fêter mon anniversaire. Il a gagné ma confiance par une fausse amitié», dit M. Stanké, qui avait porté plainte à l'Autorité des marchés financiers (AMF).

Le comédien Gérard Poirier a perdu environ 150 000$ des 600 000$ qu'il a placés chez Gestion Guychar, qui promettait à ses clients des rendements de 8 à 16% par année notamment en leur faisant signer des prêts. Âgé de 80 ans, M. Poirier a joué dans le film Les Plouffe de Gilles Carle en 1981, en plus de participer à plusieurs téléromans dont Du tac au tac et Le parc des Braves.

Une centaine d'investisseurs ont perdu la somme de 10 millions de dollars au fil des ans en confiant leurs placements à Guy Charron et Richard Lanthier, jadis planificateur financier et représentant en épargne collective. M. Charron et M. Lanthier ont plaidé coupable mercredi à 355 accusations pénales de placements illégaux et d'exercice illégal de l'activité de courtier en valeurs mobilières. Leur collaboratrice Huguette Gauthier, ancienne conseillère en assurances, a plaidé coupable à un chef d'accusation pénal.

Les trois accusés connaîtront leur sentence dans quelques semaines par la Cour du Québec. «Nous demanderons des amendes importantes et probablement des peines d'emprisonnement», dit Sylvain Théberge, porte-parole de l'AMF. L'avocat des trois accusés, Me Pascal Pelletier, n'a pas voulu commenter le dossier.

Au départ, les accusés s'exposaient collectivement à des amendes de 8 millions de dollars, somme qui sera réduite en raison du retrait de certaines accusations. L'AMF avait déposé 459 chefs d'accusation, mais ce nombre a été réduit à 356 chefs d'accusation. Les accusations reposant sur la preuve de témoins décédés ou malades ont été abandonnées par l'AMF en échange d'un plaidoyer de culpabilité des trois accusés.

Une quatrième personne est impliquée dans l'affaire Guychar: l'ex-courtier en épargne collective Gérald Turp, condamné le mois dernier à une amende de 25 000$ pour avoir aidé à faire un placement illégal. M. Turp a porté sa condamnation et sa sentence en appel.

Les quatre personnes condamnées au pénal dans l'affaire Guychar sont toutes d'anciens professionnels des placements qui ont déjà été membres de la Chambre de la sécurité financière. Guy Charron a abandonné ses titres professionnels en 2004, Richard Lanthier en 2007, Gérard Turp en 2008 et Huguette Gauthier en 1999.

Aucune accusation criminelle n'a été déposée dans l'affaire Guychar.