Récession? Crise économique? Un avocat d'affaires de Montréal vient de connaître un été formidable, un des meilleurs de sa carrière. Voici pourquoi et comment...

Au bureau, Charles «Chuck» Spector est capable de travailler à plusieurs dossiers en même temps. Mais, vendredi dernier, il l'avoue bien humblement, sa concentration n'était pas aussi au point que d'habitude. Cet avocat était quelque peu anxieux dans l'attente d'un important jugement qui devait tomber d'une minute à l'autre. À 14h56 très exactement, son anxiété a disparu pour renaître en excitation, alors qu'est apparu sur son écran un courriel de l'adjointe du juge Yves Poirier, de la Cour supérieure du Québec, et dans lequel se trouvait, en pièce jointe, la fameuse décision.

«Il m'a fallu 15 secondes pour ouvrir ce fichier PDF, de très très longues secondes», dit l'homme de 52 ans, associé au cabinet FMC, à Montréal. Comme c'est d'usage, il s'est immédiatement dirigé au bas du document pour consulter la décision. Un large sourire est alors apparu sur son visage. Normal, son client, Boralex, venait de gagner en cour contre la société O'Leary Funds Management. Celle-ci avait intenté une poursuite contre Boralex, pour l'empêcher d'acquérir pour 5$ l'unité des parts du Fonds de revenu Boralex énergie, estimant le prix trop bas.

Chuck Spector a pris une dizaine de minutes pour bien lire le jugement. Puis, content, il est monté au 39e étage de la Place Ville-Marie retrouvé son collègue Laurent Nahmiash, l'avocat qui a plaidé la cause devant le tribunal. «On s'est fait un high-five, puis on s'est dit qu'il était temps d'appeler le client pour lui annoncer la bonne nouvelle.»

Des bonnes nouvelles, ces temps-ci, Charles Spector en a plein à raconter. Car, depuis le début de l'été 2010, peu d'avocats d'affaires à Montréal ont été aussi occupés que lui. En fait, dit-il, à part 2007, l'année folle des fusions et acquisitions, il n'a jamais connu une période estivale aussi faste. Il souligne que les clients sont toujours exigeants, mais qu'ils veulent désormais que le travail se fasse de plus en plus rapidement, comme si tous les dossiers étaient soudainement devenus plus urgents. Conséquence, les avocats, les bons du moins, n'arrêtent jamais.

«Je n'ai pris qu'une journée de vacances!» dit ce père de trois enfants.

Trois gros dossiers

Avant cette victoire en cour, Charles Spector a piloté et mené à terme trois autres dossiers d'envergure, des mandats qui auraient fait l'envie de bien des avocats.

En juillet, il a finalisé une transaction pour le compte d'un groupe de dirigeants qui voulaient racheter une filiale d'Optimal Group, société publique montréalaise.

«Un dossier très complexe», dit Charles Spector, dont la spécialité est le droit des valeurs mobilières, le financement et les fusionsetacquisitions. Compliqué parce que l'entreprise était basée à Montréal, ses actions inscrites au NASDAQ, et ses activités à Hong-Kong! Autre problème, des indemnités élevées devaient être versées à un autre groupe de cadres si jamais la société changeait de mains. Bref, il a fallu pas moins de 25 avocats - toutes parties confondues - pour régler cette petite transaction d'environ 15 millions de dollars... qui a couté plus ou moins 2,5 millions en frais d'avocats!

Deuxième acte

Le 14 juillet, Charles Spector a finalisé une autre transaction, celle-là pour le financement de 250 millions de dollars du stationnement du futur hôpital de l'Université McGill.

Avec son équipe d'avocats, il a conçu et mis en place toute la documentation de Parking Co, société qui gérera le stationnement. Mais, surtout, il a obtenu que l'hôpital se finance sur le marché des débentures.

«Une première au Québec», dit l'avocat, fier de son coup. Ces débentures sont vendues aux acheteurs institutionnels.

Troisième acte

Enfin, le 17 août, la superstar de FMC a agi pour le compte de Tembec lors d'une émission transfrontalière de débentures garanties, pour la somme de 255 millions US.

Une dizaine d'avocats de FMC ont planché sur cette transaction, notamment pour la rédaction de la documentation, particulièrement pour les parties concernant les informations sur l'entreprise et sur les aspects fiscaux.

Dix avocats pour ça? Oui, ça surprend, mais Me Spector explique qu'il faut réagir très vite dans ce genre de situation.

«Quand le marché est prêt, faut y aller, on ne peut pas attendre», dit celui qui coordonnait le boulot des avocats. Difficile de le contredire, car Tembec, qui avait prévu de vendre pour 245 millions US de débentures en a finalement vendu pour 10 millions US de plus!

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