Au moins 4,5 millions de dollars en amendes et en frais juridiques. Bannissement à vie du commerce des valeurs mobilières et de la gestion d'entreprises cotées en Bourse.

Telle est la sanction totale imposée par la Commission des valeurs mobilières de l'Ontario (CVMO) à John Xanthoudakis et Dale Smith, les deux têtes dirigeantes du scandale des fonds Norshield. Cette sanction, d'une rare sévérité au Canada, a été confirmée hier par les autorités boursières ontariennes.

> Suivez Martin Vallières sur Twitter

Elle survient au terme de cinq ans d'enquête sur une société de fonds spéculatifs qui a englouti près de 500 millions provenant d'investisseurs canadiens, petits et grands, au début des années 2000.

La sanction fait aussi suite au jugement rendu en mars dernier par la CVMO, qui a blâmé la «tromperie» et les «mensonges» de M. Xanthoudakis et M. Smith.

Un troisième ex-dirigeant de Norshield, Peter Kafalas, a aussi été sanctionné hier par la CVMO, mais beaucoup moins sévèrement. Il échappe à une amende mais écope tout de même d'un interdit de deux ans dans le secteur boursier.

Même si Norshield et son affiliée des fonds Olympus étaient dirigées de Montréal à l'époque, c'est le gendarme boursier de l'Ontario qui a mené l'enquête et les sanctions parce que la majorité des investisseurs floués sont résidants de cette province.

Dans son jugement de mars dernier, la CVMO faisait état de 1900 investisseurs particuliers qui ont perdu au moins 159 millions dans les fonds spéculatifs de Norshield.

L'autre part majeure de  l'argent perdu, soit un peu plus de 300 millions, provenaient d'investisseurs de type institutionnel.

Au Québec, jusqu'à maintenant, l'Autorité des marchés financiers (AMF) s'en est tenu à des poursuites pénales contre une dizaine de conseillers qui ont promu les fonds Norshield.

Les accusations déposées en Cour supérieure en mars dernier concernent la vente de 3,3 millions en parts des fonds spéculatifs auprès d'une cinquantaine de petits investisseurs.

S'ils sont jugés coupables, la dizaine de co-accusés pourraient écoper de près d'un million de dollars en amendes, en plus d'être interdits temporairement du marché des placements.

Entre-temps, les sanctions annoncées hier par la CVMO sont les premières concernant les fonds Norshield, une affaire extrêmement complexe qui impliquait un grand nombre d'entreprises du Canada, des États-Unis et, surtout, des Bahamas et de la Barbade.

Selon la CVMO, John Xanthoudakis et Dale Smith ont sciemment et artificiellement «gonflé la valeur» des parts des investisseurs en faisant des transactions sur papier artificielles de plusieurs dizaines de millions. Ils n'ont également pas agi de «manière juste, honnête et de bonne foi avec leurs clients» jusqu'à l'éclatement du scandale, en 2005.

Rappelons qu'à l'époque, les dirigeants de Norshield avaient attribué leurs problèmes à la couverture médiatique de l'affaire Cinar, qui était l'un de leurs clients.

Cinar, faut-il rappeler, est cette entreprise montréalaise de production de dessins animés qui a fait scandale au début des années 2000. Ses dirigeants, Ronald Weinberg et sa conjointe, feue Micheline Charest, avaient fait transférer des fonds de Cinar aux Bahamas par l'entremise de Norshield.

- Avec Francis Vailles