La peine de six ans et demi de prison de Conrad Black pourrait prendre fin plus tôt que prévu, mercredi, exactement au même endroit où elle lui a été imposée il y a trois ans - la salle d'audience de Chicago où l'ancien magnat de la presse a été reconnu coupable de fraude et d'entrave à la justice.

Une juge d'une Cour de district des États-Unis, Amy St. Eve, la même qui avait présidé le procès de Black et condamné l'homme d'affaires déchu à une peine de six ans et demi de détention, en 2007, précisera les conditions de sa remise en liberté, qui devraient le contraindre à demeurer sur le sol américain.

Il est cependant très possible que les jours de Black en tant que détenu soient terminés, a indiqué Jacob Frenkel, ancien procureur fédéral et spécialiste de la criminalité des cols blancs.

«Il est raisonnable de s'attendre à ce que M. Black sorte du pénitencier (de Floride où il purge sa peine) mercredi et qu'il n'y retourne possiblement jamais», a-t-il affirmé.

On ignorait encore, mardi, où se trouverait Black lorsque la juge St. Eve rendra sa décision. Il est probable qu'il demeure derrière les barreaux à Coleman, en Floride, jusqu'à ce que Mme St. Eve ait établi l'importance de la caution et les conditions de remise en liberté, et qu'il ne soit donc pas à Chicago, a écrit l'avocat de Black, Miguel Estrada, dans un courriel.

La Cour d'appel fédérale du 7e circuit a émis une ordonnance de libération conditionnelle à l'intention de l'ex-magnat de la presse, lundi, quelques semaines après que la Cour suprême des États-Unis eut affirmé que la loi invoquée pour le trouver coupable était trop vague, puis eut confié à une cour inférieure la tâche de rendre un jugement final sur ses condamnations pour fraude. Aucune décision n'a encore été prise.

Black a également été reconnu coupable d'entrave à la justice après que des jurés eurent vu une vidéo qui le montrait portant des cartons de documents à l'extérieur de ses bureaux, les plaçant dans sa voiture et quittant les lieux. Ces documents étaient réclamés par les enquêteurs du gouvernement.

Le jugement rendu en juin par le plus haut tribunal aux États-Unis n'affecte pas la condamnation de Black pour entrave à la justice.

Il est possible que Black ait passé suffisamment de temps en cellule pour couvrir la peine découlant de ce chef d'accusation, a affirmé mardi M. Frenkel.

«Même si la condamnation pour entrave à la justice tient, ce à quoi presque tout le monde s'attend, la durée de la peine déjà purgée est considérée raisonnable par la plupart des juges fédéraux pour une telle condamnation», a-t-il dit.

La conduite de Conrad Black a été irréprochable depuis le début de son incarcération à Coleman, où sont détenus environ 1000 criminels, pour la plupart condamnés pour des délits impliquant de la drogue ou des armes à feu.

Black et trois anciens dirigeants de l'empire médiatique Hollinger International ont été reconnus coupables d'avoir floué les actionnaires de la société d'une somme de 6,1 millions $ US. Black est le seul toujours incarcéré.