Il y a du nouveau dans l'affaire Tanzanite, cette organisation de croissance personnelle qui a fait perdre des millions de dollars aux investisseurs. Le numéro deux de l'organisation, Claudé Hamel, est introuvable.

Vendredi, l'Autorité des marchés financiers (AMF) a publié un communiqué de presse pour aviser le gestionnaire de ses démarches juridiques. L'AMF a procédé par communiqué parce qu'elle se dit incapable d'avoir une rencontre avec M. Hamel, au coeur du scandale.

Le 18 février, l'AMF a fait une perquisition dans les locaux de M. Hamel, au 7777, boulevard Louis-H. Lafontaine, à Anjou. L'organisme a saisi divers documents, dont deux disquettes contenant les dossiers de placement d'investisseurs. Légalement, l'AMF doit aviser M. Hamel de son intention de conserver les disquettes jusqu'en février 2010, d'où le communiqué.

«Claudé Hamel n'a aucune adresse connue de l'Autorité. L'enquêteur a obtenu récemment un nouveau numéro de téléphone pour Claudé Hamel et a tenté de fixer une rencontre (...) Bien qu'il ait réussi à joindre M. Hamel par téléphone, ce dernier n'a pas encore confirmé le rendez-vous», est-il écrit dans un document de l'AMF déposé en Cour.

500 investisseurs

Par ailleurs, La Presse Affaires a obtenu le mandat de perquisition, dans lequel l'enquêteuse de l'AMF Suzanne Robillard décrit certains détails de l'enquête.

Selon le mandat, l'AMF estime qu'environ 500 investisseurs auraient placé des fonds dans cette organisation entre 2002 et 2006. À la mi-février, l'AMF avait discuté avec 40 d'entre eux et établi une douzaine d'entreprises ou fiducies liées à Tanzanite, dont la coopérative de services financiers CD2i.

Le maître à penser de Tanzanite, Nil Lapointe, s'est suicidé le 8 février dernier dans une résidence rue Bélisle, à Morin Heights, écrit l'enquêteuse Suzanne Robillard. Cette information a été validée par Mme Robillard auprès d'un sergent de la SQ. Nil Lapointe avait laissé une lettre admettant avoir floué les investisseurs.

Tanzanite avait des bureaux à Saint-Sauveur et à Montréal. Nil Lapointe avait fait miroiter des rendements allant jusqu'à 4% par mois grâce au marché des «commodités» (matières premières). Pendant un certain temps, les investisseurs ont reçu leur rendement en argent liquide, mais depuis 2006, les fonds étaient soi-disant bloqués en Europe.

Claudé Hamel était le bras droit de Nil Lapointe. Ni l'un ni l'autre n'avait de permis de l'AMF pour recueillir des fonds. Les placements des investisseurs ont été recueillis sans prospectus, constate Mme Robillard, ce qui est illégal.

L'AMF a reçu une première dénonciation d'une victime en août 2008, puis deux autres en septembre 2009. Les plaintes se sont multipliées en février 2010, après que les investisseurs eurent reçu un courriel annonçant la mort de Nil Lapointe et à la suite d'un article de La Presse Affaires.

Dans sa requête devant le tribunal pour conserver les deux disquettes jusqu'en février 2011, l'AMF indique au tribunal qu'elle n'a pas terminé son enquête parce que ce scandale est complexe, couvre plusieurs années et touche des centaines de victimes.

La Presse a laissé un message sur le cellulaire de Claudé Hamel, mais il ne nous a pas rappelés.