Québec croit toujours possible un retour à l'équilibre budgétaire en 2013-2014 grâce à un contrôle plus strict encore de ses dépenses et des revenus accrus par des augmentations de taxes et de tarifs.

«Nous avons fait des déficits par nécessité, nous allons les résorber par devoir», a promis hier le ministre des Finances, Raymond Bachand.

S'il garde le cap annoncé hier, Québec fera ainsi mieux qu'Ottawa et Toronto qui ont reporté respectivement de deux et quatre ans le retour à l'équilibre budgétaire du Canada et de l'Ontario.

Pour l'exercice financier qui commence demain, le gouvernement prévoit un déficit de 4,5 milliards, soit quelque 250 millions de plus que pour celui qui se termine aujourd'hui.

Pour 2009-2010, Québec a pu utiliser 433 millions restants du double-fond de la sacoche de l'ex-ministre Monique Jérôme-Forget. La reprise plus forte que prévu a aussi permis de présenter un résultat moins sombre que le trou de 4,7 milliards annoncé en octobre.

Les deux déficits incluent une provision de 300 millions pour éventualité qui sera affectée à la diminution du déficit, si elle ne devait pas être utilisée. Des contributions de 715 et 892 millions vont aussi gonfler le Fonds des générations qui sert à diminuer le ratio de la dette publique sur la taille de l'économie.

Le déficit de 2010-2011 équivaudra 1,5% de la taille de notre économie, soit un dixième de plus que celui de 2009-2010.

Si on ajoute la part du déficit fédéral qui incombe aux Québécois, le manque à gagner équivaut 4,6% de notre Produit intérieur brut.

Cette situation est moins bonne que celle de la Suède (3,4%) ou de l'Australie (3,6%).

Elle se compare avantageusement par contre à celle de l'Italie (5,0%), de l'Allemagne (5,5%), de la France (8,2%), des États-Unis (10,6%) ou du Royaume-Uni (12,0%).

Pour l'exercice 2010-2011 et le suivant, Québec prévoit augmenter de 2,9% et 2,2% ses revenus qui atteindront 64,5 et 65,9 milliards.

Outre la croissance qui élargit l'assiette fiscale déjà en place, Québec va chercher à compter du 1er avril un cent de plus sur le litre d'essence et un cent encore pour chacune des trois prochaines années.

La hausse de un point de pourcentage de la taxe de vente à compter du 1er janvier sera suivie par une deuxième de même importance le 1er janvier 2012 qui s'établira dès lors à 9,5%. Québec occupera ainsi tout l'espace fiscal dégagé par Ottawa qui a ramené de 7% à 5% sa taxe sur les produits et les services.

Québec met aussi en place une nouvelle contribution santé. Chaque adulte devra verser 25$ cette année, 100$ l'an prochain et 200$ en 2012 pour limiter la croissance des dépenses budgétaires de santé à 5,0%.

Pour rétablir l'équilibre budgétaire en 2013-2014, Québec met aussi en place un ambitieux plan de contrôle de croissance des dépenses de programmes à 2,2% seulement à compter de l'an prochain, ce qui représenterait une économie de 6,6 milliards pour la durée de la projection budgétaire. Dans la ligne de mire, la rémunération du personnel, l'organisation de l'État et des gains de productivité que le ministre appelle poliment «l'amélioration continue de l'efficacité».

Québec entend enfin une fois de plus à s'attaquer à l'évasion fiscale qu'il juge concentrée dans la planification fiscale agressive, le travail au noir dans la construction et les revenus non déclarés dans la restauration. Il crée à cette fin l'Agence de revenu du Québec qui remplacera Revenu Québec, à compter du 1er avril 2011. Une enveloppe de 30 millions est dégagée dans l'espoir de récupérer 300 millions en 2013-2014.

«On s'attendait à beaucoup et on n'est pas déçus», résume Stéfane Marion, économiste en chef à la Financière Banque Nationale.

«On est très contents, renchérit son vis-à-vis chez Desjardins François Dupuis. C'est un budget à long terme, mais qui commence maintenant.»