Le ministre des Finances Jim Flaherty prend un pari risqué en proposant d'éliminer la presque totalité de son déficit de 54 milliards en cinq ans, sans augmenter les taxes et les impôts.

Pour y parvenir, il table sur la croissance économique, qui devrait augmenter les recettes de l'État en conséquence. Ainsi, entre 2010 et 2015, les revenus passeront de 214 à 297 milliards, une hausse de 83 milliards.

C'est exactement le montant dont il a besoin pour éliminer le déficit, financer la croissance des dépenses et l'augmentation des frais de la dette.

Mais une telle augmentation des revenus représente-t-elle une prévision crédible?

Les calculs du ministre sont basés sur les prévisions des économistes du secteur privé. En ce sens, il utilise effectivement l'instrument le plus crédible à sa disposition. Le problème, c'est que les boules de cristal des économistes ne sont pas infaillibles. Sur un horizon aussi long que cinq ans, il est impossible de dire s'il y aura récession, ou même un simple ralentissement, ou une crise financière en Europe ou en Chine, autant d'imprévus qui viendraient chambouler les projets du ministre.

Du côté des dépenses, le gouvernement épargnera beaucoup d'argent avec la fin des mesures temporaires mises sur pied dans le budget de l'an dernier pour faire face à la récession. À lui seul, ce désengagement réduira le déficit de moitié. C'est déjà un bon bout de chemin.

Mais le plus dur reste à faire. Le ministre entend récupérer le reste en imposant une véritable cure minceur à l'État: compressions à la Défense et à l'aide internationale, gel des budgets de tous les ministères, examen serré des dépenses.

Pour que le plan de M. Flaherty fonctionne, il lui faudra beaucoup de chance pour que les prévisions des économistes se réalisent, et beaucoup de témérité pour imposer sa thérapie de choc à la fonction publique.

Dans un contexte aussi serré, on se demande bien pourquoi le budget ne prévoit aucune réserve de prudence, aucune provision pour éventualités, rien.Lisez la suite de ce commentaire dans La Presse, ce vendredi.