Les évaluations environnementales des grands projets d'exploitation des ressources naturelles seront maintenant sous la responsabilité de l'Office de l'énergie et de la Commission canadienne de la sûreté nucléaire, a annoncé jeudi le gouvernement conservateur dans son budget 2010-2011.

Déjà, le discours du trône de mercredi annonçait la volonté de «moderniser» le régime de réglementation pour les projets énergétiques, ce que l'opposition avait vivement dénoncé comme un moyen de «déréglementer».

«C'est une catastrophe. Ce qu'on est en train de faire au Canada, c'est de démanteler le processus d'évaluation environnementale», a indiqué jeudi Steven Guilbeault, d'Équiterre, se disant «extrêmement préoccupé» par ce changement de cap, qui se fera selon lui au détriment de l'environnement.

«Ça vient émasculer l'Agence d'évaluation environnementale du Canada», ajoute l'environnementaliste.

L'objectif, et le gouvernement ne s'en cache pas, est d'accélérer l'approbation des projets, notamment dans les sables bitumineux, les grands projets pétroliers, le développement du pétrole et du gaz dans le Nord.

«Ce qu'on veut faire, c'est donner la priorité au développement, peu importe les impacts environnementaux, quitte à sacrifier le processus d'évaluation environnementale et la consultation publique», a estimé M. Guilbeault.

Alors que le discours du trône de mercredi soulignait l'importance de la lutte aux changements climatiques, le budget 2010-2011 ne contient que de très rares mesures liées à l'environnement, notamment une aide fiscale à la production d'énergie propre et un investissement de 100 millions sur quatre ans pour le développement technologique dans l'industrie forestière.

«Il n'y a aucune mesure précise reliée à la question des changements climatiques. Rien», a déploré Steven Guilbeault.

La survie de la recherche dans l'épineux dossier des changements climatiques au Canada demeure par ailleurs incertaine.

Les chercheurs qui attendaient impatiemment les nouveaux chiffres du fédéral dans l'espoir d'y trouver une enveloppe réservée à la Fondation canadienne pour les sciences du climat et de l'atmosphère, dont les fonds commencent à manquer gravement, seront déçus.

«Il n'y a pas de financement pour cette fondation dans ce budget», répond-on au ministère des Finances.