Stockwell Day adore les chiffres. Quand il était trésorier de l'Alberta dans le gouvernement Klein, à la fin des années 90, il se levait à l'Assemblée législative et déclamait par coeur tout le budget.

Aujourd'hui président du Conseil du Trésor, M. Day s'est vu confier par le premier ministre Stephen Harper le mandat de mettre de l'ordre dans les finances publiques avec le grand argentier du pays, Jim Flaherty.

 

L'exercice ne sera pas facile. Le gouvernement Harper doit venir à bout d'ici cinq ans d'un déficit record de 56 milliards. Et il promet de le faire sans augmenter les impôts ou les taxes et sans réduire les paiements de transfert aux provinces.

Stockwell Day devra donc manier la hache. Il a déjà averti les Canadiens qu'il faudra faire «des sacrifices». Les premières coupes seront annoncées aujourd'hui quand Jim Flaherty présentera son cinquième budget à la Chambre des communes.

Depuis sa nomination, M. Day a aussi fait savoir que la fonction publique sera appelée à se serrer la ceinture. Il y a deux semaines, le ministre a rencontré les représentants de deux syndicats de quelque 221 000 employés de l'État afin de préparer le terrain. Le fonds de retraite des fonctionnaires fédéraux, nettement plus généreux que celui des employés du secteur privé, pourrait être la cible de compressions.

Âgé de 60 ans, M. Day s'est illustré comme l'un des ministres les plus compétents à Ottawa depuis l'arrivée des conservateurs au pouvoir en 2006. D'abord nommé ministre de la Sécurité publique, M. Day a également fait un passage remarqué au Commerce international. À ce titre, il a parcouru la planète pour signer une panoplie de nouveaux traités de libre-échange ou lancer des négociations pour libéraliser les marchés.

Adepte de la course - il court des marathons chaque année -, M. Day n'a pas toujours eu la vie facile à Ottawa. Élu chef de l'Alliance canadienne en juin 2000, il s'est couvert de ridicule deux mois plus tard en se présentant à une conférence de presse vêtu d'une combinaison de plongée après avoir fait un tour de motomarine. Cette image d'homme prêt à faire n'importe quel coup d'éclat pour se démarquer des autres lui a longtemps collé à la peau.

Son règne de deux ans à la tête de l'Alliance canadienne a souvent été marqué par la controverse. Des députés insatisfaits de son leadership ont même réclamé son départ et claqué la porte du parti. Il a finalement décidé de déclencher une nouvelle course au leadership qu'il a perdue aux mains de Stephen Harper.

«Stockwell Day a fait un travail admirable à tous les ministères qu'on lui a confiés. Même ses détracteurs le disent. Il est capable de convaincre les gens de travailler avec lui. C'est lui qui a réglé le dossier de la clause Buy America avant de partir de ce ministère. Il travaille fort et il a le respect de ses collègues du cabinet. Il a manifestement fait ses preuves dans la grande ligue de la politique», affirme l'influent chroniqueur Don Martin, du National Post et du Calgary Herald.

Foncièrement loyal à son patron, Stockwell Day est maintenant l'homme de confiance du premier ministre pour régler l'un des défis les plus importants des prochaines années: rétablir l'équilibre budgétaire à Ottawa après une douloureuse récession mondiale.