Si vous êtes de ceux qui ne peuvent pas maximiser à la fois leurs contributions REER et CELI, vous devrez choisir l'un ou l'autre des régimes.

Pour prendre cette décision, vous devrez tenir compte de votre situation personnelle.

Par exemple, plusieurs pensent que le régime enregistré d'épargne-retraite (REER) doit être priorisé à cause de son avantage à court terme qui est de diminuer le coût des contributions.

À la limite, vous pouvez même emprunter pour contribuer au REER et utiliser le remboursement d'impôt pour rembourser ce prêt.

Le remboursement d'impôt est comme une ristourne sur votre contribution. Il a l'avantage de vous donner de l'argent pour faire autre chose, comme rembourser l'hypothèque ou mettre de l'argent dans le compte d'épargne libre d'impôt (CELI).

Mais dans les faits, le fardeau fiscal (taux d'imposition, crédits et allocations) influencera beaucoup cette décision.

«Au Québec, la tranche dangereuse, c'est 35 000$, dit Nathalie Hotte, experte-conseil de la Banque Nationale Gestion privée. Si on gagne un peu plus, on paie automatiquement beaucoup plus d'impôt. En bas de ce seuil, le REER est plus un choix qu'une nécessité.»

Or, comme les revenus gagnés peuvent fluctuer dans le temps, cette décision n'est pas statique. Un contribuable pourrait, par exemple, mettre ses économies dans un CELI lorsque son fardeau fiscal est plus faible et transférer cette épargne dans son REER lorsqu'il est davantage imposé.

Fiscalité à la retraite

Le dilemme entre REER et le CELI est aussi influencé par les taux d'imposition prévus à la retraite.

Si le taux d'imposition s'avère plus faible à la retraite que du temps de la vie active, alors le REER sera, à rendement égal, plus avantageux que le compte CELI (voir tableau). La raison est fort simple, le remboursement d'impôt engendré par la contribution sera plus élevé que l'impôt payé lorsque ce même montant sera retiré.

Comme les gens planifient généralement de retirer de 60 à 70% de leur revenu d'emploi à la retraite, il est logique de supposer que le taux d'imposition sera moindre à la retraite, et que le REER sera plus avantageux. Mais, outre le taux d'imposition, il faut considérer tous les crédits et aides gouvernementaux basés sur les revenus.

En contribuant au REER, un travailleur avec un revenu modeste pourrait tirer avantage de la fiscalité québécoise. Par contre, lorsqu'il sera à la retraite, les retraits du REER pourraient lui faire perdre le supplément de revenu garanti (SRG) ou réduire sa pension de vieillesse.

«Ainsi, une personne de 62 ans qui aimerait toucher le SRG à la retraite, mais qui a un peu d'épargne dans le REER, devrait décaisser son REER avant la retraite et mettre l'argent dans son CELI», dit Nathalie Hotte. Les retraits de ce compte étant non imposables.

Besoin de flexibilité et préférences

Mais il ne faut pas seulement tenir compte des facteurs mathématiques.

Par exemple, certains individus seront attirés par la grande flexibilité du CELI, particulièrement si les rentrées de fonds futures sont incertaines. Ou encore, ils voudront utiliser ce compte pour garantir un prêt, ce qui est impossible avec le REER.

«De plus, si l'objectif est d'épargner pour la retraite, le REER agit comme barrière psychologique à la dépense prématurée de l'épargne-retraite parce que les retraits sont imposés, note Johanne Allaire, planificatrice chez RBC Gestion d'actifs. À l'inverse, la flexibilité du CELI pourrait inciter certaines personnes à dépenser.»

Enfin, certaines formes de REER son insaisissables, contrairement au CELI. Le REER peut donc vous protéger contre l'incertitude financière.