Ça s'annonce mal pour le marché obligataire. Pour une rare fois, un grand nombre d'investisseurs institutionnels et de stratèges de maisons de courtage s'attendent à une contre-performance de la part du marché des obligations négociables.

L'indice de référence du marché obligataire, le DEX Univers, a rapporté un rendement annuel composé de 6,7% au cours des 10 dernières années. En 2010, on craint des pertes...

La raison est bien simple. Comme les taux directeurs des banques centrales sont littéralement au plancher, ils ne peuvent conséquemment que remonter.

La seule question sans réponse jusqu'à présent: quand le mouvement à la hausse sera-t-il amorcé? En juin prochain, en septembre, en décembre?

Chose certaine, sitôt la reprise économique bien établie, la Réserve fédérale enclenchera la remontée de son taux directeur, ce qui déclenchera automatiquement, ou presque, une hausse mondiale des taux directeurs.

Vous allez me dire qu'un quart de point, par-ci par-là, il n'y rien là. Faux.

Le marché obligataire, c'est comme la Bourse. Ça anticipe l'amplitude des baisses et des hausses de taux d'intérêt, non pas à court terme, mais à long terme.

Si les grands «joueurs» du marché obligataire, à savoir les gestionnaires de caisses de retraite et des fonds communs d'obligations, croient que les taux directeurs grimperont, par exemple, de trois ou quatre points de pourcentage d'ici les quatre prochaines années, la correction obligataire risque d'être assez violente.

Obligations 101

Je vous rappelle que la valeur marchande des obligations négociables (gouvernementales, corporatives) fluctue en fonction de l'évolution des taux d'intérêt. Et plus l'échéance d'une obligation est éloignée, plus sa valeur marchande est sujette à fluctuer avec amplitude.

Quand les taux baissent, la valeur marchande grimpe et vice-versa, lorsque les taux montent, la valeur marchande chute. Si le marché obligataire vous intéresse, plusieurs choix s'offrent à vous.

Vous pouvez acheter des obligations individuelles, par l'entremise de votre maison de courtage. Chacune d'entre elles détient un vaste lot d'obligations gouvernementales et corporatives, de diverses échéances. Vous devrez puiser à l'intérieur de la «réserve» de votre maison de courtage. La commission de la firme de courtage est incluse dans le prix de vente ou d'achat qu'on vous proposera.

Comme autre véhicule de placement pour investir dans le marché obligataire, il y a les fonds communs d'obligations, également appelés fonds de titres à revenu fixe.

En voici cinq bien classés, suivis de leur performance en 2009.

> Addenda d'obligations: 9,0%;

> Beutel Goodman obligations: 11,8%;

> Desjardins obligations opportunités: 12,2%;

> Dynamique obligations avantage: 13,7%;

> Fonds d'obligations RBC: 9,9%.

Fonds négociés en Bourse

Si vous ne voulez pas vous casser la tête avec la sélection des fonds d'obligations ou des obligations individuelles, vous pouvez opter pour les iShares spécialisés dans les obligations négociables. Ces fonds sont négociés en Bourse, au même titre que des actions.

Il y en a six fonds Ishares disponibles sur les titres à revenu fixe. En voici la liste, incluant le symbole boursier et le rendement procuré en 2009.

> iShares CDN Bond Index Fund (XBB) offre une exposition à l'ensemble du marché obligataire: 4,98%;

> iShares CDN Corporate Bond Index Fund (XCB) présente une exposition au marché des obligations de sociétés de première qualité: 15,10%;

> iShares CDN Government Bond Index Fund (XGB) procure une exposition au marché des obligations garanties par l'État: 1,22%;

> iShares CDN Long Bond Index Fund (XLB), pour une exposition à l'indice des obligations à long terme: 5,31%;

> iShares CDN Real Return Bond Fund (XRB) porte sur les obligations protégées contre l'inflation: 14,13%

> iShares CDN Short Bond Index Fund (XSB) correspond à l'indice des obligations à court terme: 4,34%.

De tous ces iShares d'obligations, le moins vulnérable devant l'éventuelle hausse de taux d'intérêt devrait être le XSB.

Pas facile

Mais il n'y en aura pas de facile dans le marché obligataire.

Pour nous sortir de la deuxième plus grande crise de l'histoire, les pays industrialisés se sont lourdement endettés en injectant dans l'économie mondiale des milliers de milliards de dollars.

Cela a eu comme effet monstre de forcer les gouvernements à augmenter considérablement leurs dépenses, provoquant par le fait même de lourds déficits opérationnels et une hausse de la dette publique.

Théoriquement, ce surendettement des pays industrialisés devrait exercer de fortes pressions sur les taux d'intérêt. Eh bien, non! les banques centrales, comme la Réserve fédérale américaine et la Banque du Canada, font littéralement fi de ces logiques pressions.

Elles maintiennent artificiellement leurs taux à 0% ou presque. Les leaders des banques centrales américaines et canadiennes veulent éviter à tout prix le moindre irritant susceptible de compromettre la fragile reprise économique.

Irritant ou pas, les taux vont repartir à la hausse. Tenons-nous-le pour dit!