Pour plusieurs ingénieurs, la formation commence au cégep, où ils obtiennent un DEC technique.

D'ailleurs, de plus en plus de collèges signent des ententes avec des universités, principalement avec Polytechnique, pour accélérer le parcours universitaire de leurs diplômés. Il faut dire que, déjà, l'École de technologie supérieure (ETS) accueille à bras ouverts les détenteurs d'un DEC technique en leur permettant de terminer leur baccalauréat en trois ans et demi seulement.

Technologie physique au cégep André-Laurendeau

Le programme Technologie physique du cégep André-Laurendeau offre plusieurs débouchés à l'ETS comme le génie mécanique, le génie électrique, ou encore le génie de la production automatisée. Or, pour attirer plusieurs diplômés du programme dans leurs salles de cours, Polytechnique et l'Université Laval ont pris différentes initiatives.

«Nos diplômés qui poursuivent leurs études à Polytechnique ont certains cours de crédités. De plus, nos étudiants qui choisissent notre DEC-BAC pourront aller terminer le programme en génie physique à l'Université Laval en trois ans plutôt qu'en quatre», indique Alain Desjarlais, responsable du département de technologie physique au cégep André-Laurendeau.

Or, si 30 à 50% des étudiants poursuivent des études universitaires une fois leur DEC terminé, ceux qui choisissent d'aller sur le marché du travail ne cherchent généralement pas d'emploi trop longtemps: le programme a un taux de placement de 100%, notamment dans des entreprises d'optique et de photonique, des centres de recherche et des firmes d'ingénieurs.

Le cégep André-Laurendeau offre plusieurs autres programmes qui mènent à des études universitaires en génie, comme Technologie de l'architecture, Technologie du génie civil, Technologie de l'électronique industrielle et Technologie de l'informatique.

L'aéronautique au collège Édouard-Montpetit

En créant son nouveau programme de génie aérospatial, Polytechnique a signé une entente avec l'École nationale d'aérotechnique (ENA) du collège Édouard-Montpetit pour le programme Techniques de construction aéronautique.

«Nos diplômés peuvent poursuivre leurs études à Polytechnique et ils termineront leur baccalauréat en trois ans au lieu de quatre. C'est bien parce qu'auparavant, il n'y avait pas beaucoup de reconnaissance pour ce qu'ils apprenaient ici et il pouvait y avoir des répétitions dans le parcours d'études», indique Serge Brasset, directeur de l'ENA.

Il semble que la stratégie fonctionne: la moitié des étudiants inscrits dans le programme ont opté pour le profil DEC/BAC.

L'ENA offre aussi deux autres programmes, soit Techniques et maintenance d'aéronefs et Techniques d'avionique qui peuvent mener à une profession d'ingénieur.

L'informatique au collège de Bois-de-Boulogne

De nombreux diplômés du collège de Bois-de-Boulogne en technique de l'informatique poursuivent leurs études à l'ETS. Mais pour ce qui est des prochaines cohortes, plusieurs pourraient être tentés d'aller à Polytechnique, parce que les deux établissements négocient actuellement une passerelle.

«En ce moment, nos diplômés doivent faire plusieurs cours préalables pour aller en génie à Polytechnique, ce qui fait un total d'environ cinq ans pour terminer un baccalauréat, en plus de leurs trois années de DEC. La passerelle que nous sommes en train de négocier, qui pourrait être prête pour l'automne, permettrait à nos diplômés de faire un baccalauréat à Polytechnique en quatre ans», explique Jeannine Malo, coordonnatrice du programme technique de l'informatique au collège de Bois-de-Boulogne.

Deux profils sont offerts dans ce programme: conception et programmation ainsi que sécurité informatique. Pour préparer les élèves au marché du travail, ils doivent réaliser un stage en entreprise lors de leur dernière session.

Pratiquement tous les élèves qui se dirigent vers le marché du travail se trouvent un emploi en terminant leurs études. «Et les perspectives pour l'avenir sont très bonnes, ajoute Mme Malo. En sécurité informatique d'ailleurs, bien des entreprises ne réalisent pas encore les risques liés à une sécurité informatique défaillante et les besoins de spécialistes de la question iront en augmentant.»

Maintenance industrielle au cégep du Vieux Montréal

Le génie mécanique au cégep du Vieux Montréal se décline en plusieurs programmes et celui qui retient particulièrement l'attention est Maintenance industrielle.

«Il s'agit de mettre en place des programmes de maintenance préventive et proposer des solutions pour améliorer le rendement des machines industrielles tout en diminuant les coûts», explique Philippe Nasr, directeur adjoint des études au cégep du Vieux Montréal.

De plus, il semble que la pénurie de main-d'oeuvre soit si importante dans le secteur que l'établissement d'enseignement collégial peine à garder ses élèves jusqu'à la fin du programme.

«Les entreprises viennent les chercher avant qu'ils aient terminé leurs études», remarque M. Nasr.

D'après les statistiques du cégep du Vieux Montréal, environ 30% des diplômés du programme poursuivent des études universitaires en génie mécanique.

Génie mécanique au cégep de Saint-Laurent

Plusieurs programmes techniques au cégep de Saint-Laurent peuvent mener à des études universitaires en génie, dont Techniques de génie mécanique, un domaine où les besoins à combler sont plus grands que le nombre de diplômés. «Notre taux de placement est de 100%. Ce n'est pas compliqué: un technicien en génie mécanique peut pratiquement travailler dans n'importe quelle entreprise qui a une chaîne de production. Et chaque année, nous pourrions prendre davantage de candidats», indique Jacek Litwin, responsable du programme de génie mécanique au cégep de Saint-Laurent.

Plusieurs diplômés du programme poursuivent leurs études à l'ETS.

Pour avoir une liste exhaustive des programmes offerts par tous les cégeps de la région: www.sram.qc.ca

 

Le génie-conseil

Avec tous les investissements importants annoncés dans les infrastructures au Canada et les défis liés aux questions environnementales, les ingénieurs-conseils ne manquent pas de boulot. Ils s'inquiètent même de leur relève en raison des difficultés qu'éprouvent les grandes firmes de génie-conseil à recruter suffisamment de main-d'oeuvre.

«Depuis plusieurs années, on remarque qu'il n'y a pas assez de jeunes Canadiens qui vont vers les sciences, donc qui peuvent entreprendre des études en génie. De plus, en ce moment, on sent une certaine reprise économique et les firmes de génie-conseil savent qu'il y aura de grands besoins», explique Johanne Desrochers, présidente-directrice générale de l'Association des ingénieurs-conseils du Québec.

Préoccupé, l'organisme québécois appuie donc les efforts de l'Association des firmes d'ingénieurs-conseils du Canada qui vient tout juste de lancer un nouveau site internet (www.legeniededemain.com) pour mieux faire connaître la profession d'ingénieur-conseil.

«Le site comprend des vidéos qui montrent le travail quotidien d'un ingénieur-conseil, ajoute Mme Desrochers. C'est important, parce que nous avons constaté que les étudiants en génie connaissent mal cette réalité. Plusieurs pensent qu'il faut avoir accumulé beaucoup d'expérience avant d'aller vers le génie-conseil alors que c'est faux! Il y a différentes catégories d'ingénieurs-conseils, y compris des novices.»