Des centaines de personnes ont assisté à la première journée de l'encan pour liquider les biens du financier déchu Earl Jones, hier après-midi, dans une maison d'enchères de Montréal.

Meubles de pin, tapis orientaux, oeuvres d'art, ensembles de vaisselle, tout doit partir. Les produits de la vente seront versés au syndic de faillite, qui les distribuera ensuite aux victimes du fraudeur.

Parmi les objets vendus au plus offrant, on note un téléviseur à écran plat, deux immenses statues de jardin et le sac de golf de l'épouse d'Earl Jones, Maxine, membre nO 179 du club Royal Montréal.

«Ça me donne un sentiment bizarre, a confié l'une des victimes de Jones, Christiane Jackson, rencontrée à l'encan. J'ai l'estomac à l'envers de voir que cet homme achetait des choses de grande qualité avec l'argent qu'on lui donnait pour investir. Comme si c'était son argent à lui.»

Mme Jackson a perdu toutes ses économies - plus d'un million de dollars - aux mains du fraudeur. Elle vient d'emménager dans un appartement après avoir été forcée de vendre sa maison. Comme les pensions gouvernementales sont désormais son seul revenu, elle se mettra bientôt à la recherche d'un emploi. À 67 ans.

Le tapage médiatique qui a entouré le procès d'Earl Jones aura en tout cas attiré beaucoup de curieux dans les locaux d'Empire Auctions, rue Paré, hier après-midi. Louise, une habituée des ventes aux enchères, a confié que la foule était beaucoup plus importante qu'à l'habitude.

«C'est la première fois depuis que je viens ici que je vois autant de personnes, a-t-elle indiqué. Je peux vous dire que ça a éveillé la curiosité de beaucoup de personnes.»

Le 15 janvier, Jones s'est déclaré coupable d'une fraude de plus de 50 millions perpétrée entre 1982 et 2009. Pendant 27 ans, il a trompé ses clients, souvent des successions familiales, en leur promettant des rendements fictifs. Au total, 158 personnes ont été flouées.

La poursuite et la défense se sont entendues pour demander 11 ans de prison, après comparaison avec Vincent Lacroix.

Le moment fort de l'encan devrait avoir lieu mercredi, lorsque des tableaux valant jusqu'à 50 000$ seront vendus aux enchères. Les objets appartenant à l'ex-conseiller financier proviennent de son luxueux condo situé au bord du fleuve à Dorval. Le syndic de faillite prévoit également liquider les biens se trouvant dans les deux autres propriétés des Jones, celles de Mont-Tremblant et de Boca Raton, en Floride.