Les choses ont à ce point changé au Québec en matière de vin depuis les années 70 qu'on ne sait trop par quoi commencer, histoire de faire un bref tour du jardin...

Allons-y en vrac en commençant par le nombre d'amateurs éclairés. Ceux-ci n'étaient, autrefois, qu'une poignée, quelques dizaines tout au plus, avec dans le lot quelques véritables connaisseurs. On en dénombre aujourd'hui plusieurs milliers. Et, parmi eux, beaucoup de connaisseurs capables de brillantes performances dans les dégustations à l'aveugle.

 

Le degré moyen des connaissances sur le vin (en comptant tous les consommateurs, et non pas uniquement les amateurs) a progressé pendant ce laps de temps de façon considérable. Résultat, monsieur et madame Tout-le-Monde en savent aujourd'hui davantage qu'à peu près tous les Européens!

Les rares amateurs d'autrefois avaient l'immense privilège... de vivre dans un monde où à peu près personne ne s'intéressait au vin. Ainsi, on trouvait alors dans de nombreuses succursales des premiers grands crus classés du Bordelais à moins de 20$... comparativement à 325$ pour les 2008 offerts en primeur - alors que les vins sont encore en fût.

Les amateurs de ce temps-là buvaient leur vin rouge à la température ambiante. On a compris, depuis, qu'ils gagnent à être servis rafraîchis. Et ils étaient les seuls à boire du vin de façon régulière. Aujourd'hui, qui ne débouche pas au moins une bouteille par semaine?

Les succursales (ne l'oublions pas!) ressemblaient alors à des confessionnaux, tenus par des commis qui ne connaissaient rien au vin. Chaque point de vente compte désormais au moins - au moins - un membre du personnel, conseiller ou simple commis, que le vin passionne.

L'amateur de cette lointaine époque n'avait rien à lire, rien à se mettre sous la dent côté information sur le sujet. Aujourd'hui, les guides, les chroniques pullulent.

Pis encore, la société d'État, qui a changé de nom deux fois depuis ce temps, n'avait à cette époque qu'une gamme très limitée de produits. Seul le Bordelais était à peu près convenablement représenté. Depuis, c'est le pactole: vins de Bourgogne, du Rhône, du Piémont, de Toscane, de Californie, d'Australie, d'Argentine, etc., etc. - il y a de tout.

TROIS EXEMPLES

De très beaux vins rouges (des trois étoiles et demie...) en vente en ce moment, tels qu'il était impossible d'en trouver à cette époque lointaine.

D'abord, des Pouilles (le talon de la botte italienne!):

le Salento 2007 IGT Torcicoda (10 542 073, 19,80$).

Fait uniquement de Primitivo, très coloré, dense, plein d'éclat.

Puis, du Rhône:

le Gigondas 2005 Château du Trignon (10 935 942, 34$)

Du solide, de quoi faire honte à certains Châteauneuf-du-Pape.

Enfin, deuxième vin (de jeunes vignes, donc) du Château Malartic-Lagravière, du Bordelais:

Le Pessac-Léognan 2004 Le Sillage de Malartic (10 844 661, 30,75$)

Fin, aux tannins tendres, qui prouve à l'évidence que même des millésimes de calibre moyen peuvent donner des vins de qualité.

Pour joindre notre journaliste jbenoit@lapresse.ca