Le fonds spéculatif géré par Jean-François Tardif chez Sprott n'a jamais enregistré un rendement négatif. Même l'année dernière, lorsque les Bourses mondiales ont piqué du nez.

«Il a un instinct pour trouver la perle rare. C'est un vrai stockpicker», dit Simon Lussier, directeur de la Banque Laurentienne. «Il sait reconnaître un titre surévalué aussi bien qu'un titre sous-évalué.»Jean-François Tardif voulait devenir comptable agréé pendant ses études à l'Université de Sherbrooke. Déçu par son stage coopératif, il s'est tourné vers la finance. Embauché comme courtier par Desjardins, il a vite réalisé que la vente n'était pas pour lui. Lorsqu'il a demandé à son patron s'il pouvait devenir analyste, ce dernier voyant qu'il n'avait pas d'intérêt pour son emploi actuel, l'a congédié. Ce fut un mal pour un bien, car c'est ainsi que Tardif a pu entrer chez Cote 100 pour goûter à la gestion de portefeuilles. Il a par la suite quitté cet emploi pour aller chez ING et ensuite chez Sprott.

Pour être un hedgie et ne pas avoir peur de vendre des titres à découvert, il faut avoir des nerfs d'acier. «Mais quand tu as déniché les chiffres des entreprises pour appuyer tes décisions, la confiance est là pour exécuter les transactions», dit-il.

Au cours des dernières années, Tardif dit qu'il a misé, en moyenne, 1$ dans la vente à découvert (short) pour 2$ d'achats sur le marché (long). Pour diminuer le risque associé à la vente à découvert, il explique qu'il prenait beaucoup de positions, mais en petites quantités.

Une compagnie dont le bénéfice est en déclin attire son oeil autant qu'une compagnie en croissance. Il accorde par ailleurs beaucoup d'importance aux flux de trésorerie.

Les commentaires publiés par les dirigeants sont aussi très importants. «Quand je lis qu'un PDG s'attend à de belles choses pour la deuxième moitié de 2010, ce que je comprends, c'est que ça n'ira pas bien pendant les huit prochains mois. J'interprète aussi que le PDG me vend de l'espoir. Je veux acheter des faits. Il faut que le PDG me dise qu'il a signé des contrats ou des promesses d'achat pour ses produits.»

Son secteur favori demeure l'énergie. «Le prix du pétrole ne remontera peut-être pas à 100$ rapidement, car l'économie américaine est appelée à replonger en récession au plus tard à la fin de l'an prochain. Mais le baril se transigera à 250$ dans quelques années en raison de la demande et des réserves qui s'épuisent. Il n'y a que deux choses qui peuvent nuire à la performance de ce secteur: la première est la découverte d'une nouvelle source d'énergie. L'autre est une maladie qui tuerait un milliard de personnes, ce qui ferait baisser la demande.»

Le gros de la poussée boursière est derrière nous, à son avis. «Ça va peut-être monter encore un peu, mais je m'attends surtout à beaucoup de volatilité. Les problèmes ne sont pas réglés. Ils ont seulement été cachés. Les gouvernements dépensent trop.»