Plus que jamais, les ingénieurs sont en demande dans des secteurs d'activités variés. Or, la population est vieillissante et les ingénieurs n'y échappent pas: le défi de la relève s'impose.

Un peu plus de 32% des membres de l'Ordre des ingénieurs du Québec sont âgés de 50 ans et plus. Plusieurs prendront leur retraite dans les prochaines années.

Peut-on pour autant parler de pénurie? Au Réseau des ingénieurs du Québec, on croit qu'il faut apporter des nuances.

«Certains secteurs précis vivent de plus grandes difficultés que d'autres. C'est le cas actuellement du génie civil. Il y a plusieurs grands projets dans le secteur parce que pendant les 20 à 30 dernières années, on n'a presque pas investi dans les infrastructures. Il y a du rattrapage à faire», remarque Étienne Couture, président du Réseau des ingénieurs du Québec.

Où aller chercher la relève?

Pour assurer la formation d'une relève, l'Ordre des ingénieurs du Québec a mis sur pied des programmes de promotion du génie avec Ingénieurs Canada.

Au Réseau des ingénieurs du Québec, on s'inquiète particulièrement du fait qu'encore peu de femmes choisissent la profession d'ingénieur. Seulement 12% des membres de l'Ordre sont des femmes actuellement.

«Il y a quand même plus de femmes qu'avant, mais on est en retard si on se compare à d'autres professions, comme la médecine, où l'on retrouve maintenant une bonne majorité de femmes. Le défi, c'est de les sensibiliser à tout ce que l'on peut accomplir dans le domaine du génie», croit M. Couture.

Toutefois, former un ingénieur ne se fait pas instantanément. Et lorsque les besoins de main-d'oeuvre sont criants dans une branche du génie, les firmes québécoises n'hésitent pas à recruter des talents à l'étranger.

«Huit pour cent des nouveaux ingénieurs au Québec proviennent de l'extérieur de la province. Le Québec est une terre d'accueil fertile pour les ingénieurs étrangers», remarque M. Couture.

Différentes stratégies

Et comment les entreprises arrivent-elles à recruter des candidats intéressants alors que la relève manque dans certains secteurs?

Chez BPR, on mise beaucoup sur la nature des projets. «Les jeunes veulent des défis, des projets techniques complexes et innovateurs. C'est ce que nous leur donnons. Il faut constamment que les projets soient intéressants pour les jeunes parce qu'ils n'ont pas en tête de rester 35 ans dans la même entreprise. Si ce qu'on leur propose n'est pas intéressant dès le départ, ils risquent d'aller ailleurs», affirme Pierre Lavallée, président et chef de la direction chez BPR.

Chez Hydro-Québec, la nature des projets est aussi une force que l'on exploite. «En travaillant chez nous, les ingénieurs ont la chance de relever des défis particuliers qu'ils ne retrouveraient pas ailleurs dans la province, que ce soit dans la construction de grands barrages ou encore, la réfection et l'entretien des lignes», indique Christine Gauthier, chargée d'équipe au centre de recrutement d'Hydro-Québec.

La société d'État avait d'ailleurs prévu la pénurie d'ingénieurs dans le domaine du génie électrique et elle a créé, en 2001, l'Institut en génie de l'énergie électrique en collaborant avec les différentes universités actives dans le domaine.

«Cela a permis d'assurer la relève dans le domaine du génie électrique, précise-t-elle. Mais, comme tout le monde, nous avons en ce moment de la difficulté à combler des postes en génie civil. Ça peut nous prendre plus de temps que d'habitude à trouver le bon candidat, mais généralement, nous y arrivons.»