Marie Gosselin ne prend pas de détours pour annoncer sa stratégie de croissance.

Si, pour elle, la formule de la réussite tient en peu de mots, les moyens pour y parvenir ont par contre nécessité tout un cheminement.

De la première serre de l'entreprise à avoir été mise en activité à Portneuf en 1989 jusqu'à la toute dernière, érigée à Saint-Étienne-des-Grès, il y a deux ans, en passant par celles de Danville, Sainte-Marthe et Mirabel, il s'en est récolté, des tomates. Des tomates qui se sont d'abord retrouvées dans les assiettes des Québécois.

«Il n'y a pas si longtemps encore, 98% de notre production était écoulée dans la province, explique Mme Gosselin. Nous avions en fait tout juste de quoi suffire à la demande de nos clients existants. L'ouverture aux marchés du nord-est des États-Unis et de l'Ontario s'imposait si nous voulions poursuivre notre croissance et c'est la construction du centre de production de Saint-Étienne-des-Grès, en 2007, qui nous a permis de franchir cette nouvelle étape.»

D'un coup, une augmentation des ventes de l'ordre de 25% a été enregistrée, augmentation qui a pu être combinée à une économie importante des coûts en énergie puisque la plus récente installation de Savoura est chauffée à l'aide des biogaz qui émanent d'un site d'enfouissement voisin des serres.

«Lorsque la flambée des prix a commencé à se faire sentir, nous avons immédiatement réagi et nous sommes particulièrement fiers du virage que nous avons pris, précise la PDG. C'est à la fois avantageux pour nous et profitable pour l'environnement. D'ailleurs, pour les autres divisions, nous tentons de faire preuve de la même ingéniosité afin d'abaisser ce type de dépenses tout en étant plus verts.»

De la tomate au concombre

Nouveaux marchés, nouvelles sources d'énergie, mais également nouveaux produits. Marie Gosselin se plaît à répéter qu'il lui fallait sortir du jardin des tomates pour que la progression de l'entreprise puisse aussi se poursuivre sur la base de la diversification de l'offre malgré la récession.

«Il y a quelques mois, nous avons fait le lancement de notre dernier-né: le concombre cocktail Savoura, annonce fièrement l'agronome de formation. Offert ici comme à l'extérieur du Québec, c'est un produit que nous mettons au point depuis près de trois ans et dont nous avons l'exclusivité au Canada. Sans pépins, croustillant et plus sucré que le concombre libanais, il est déjà très apprécié des consommateurs.»

Et lorsqu'on lui demande si l'entreprise teste actuellement d'autres productions, la chef de direction répond par l'affirmative. Sans vouloir préciser de quoi il s'agit, elle confirme que les amateurs de produits Savoura peuvent s'attendre à du nouveau dès l'an prochain.

«Mais nous prenons le temps qu'il faut, conclut la femme d'affaires. Ce qui compte pour nous, c'est le goût, la fraîcheur de nos produits, la salubrité des serres de même que la possibilité d'avoir recours à des systèmes biologiques de contrôle des insectes à l'intérieur de celles-ci. Récolté aujourd'hui, livré dans la nuit et offert en magasin le lendemain, le produit présenté au client doit toujours être impeccable et respecter l'image de l'entreprise!»

L'entreprise

Les Serres du St-Laurent, connues sous le nom de Tomates Savoura, est une entreprise privée québécoise dont les actionnaires sont les familles de Marie Gosselin, de Jacques Gosselin et d'Yvan Gauvin. La compagnie Les Serres du St-Laurent inc. est le producteur de la tomate Savoura.

Défis

Faire grandir l'entreprise malgré la récession.

Stratégies

S'implanter dans les marchés du nord-est des États-Unis et de l'Ontario, créer de nouveaux produits, comme le concombre cocktail, et utiliser de nouvelles sources d'énergie.

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Tomates Savoura, c'est...

300 employés dans 6 complexes de serres représentant 18 hectares de culture

30 millions de chiffre d'affaires

12% de hausse des ventes depuis 2 ans

Secret de réussite: «Ce sont souvent les produits spécialisés que nous offrons qui nous permettent d'accéder à de nouveaux clients. Comme nous nous distinguons par ceux-ci, il est par la suite plus facile de faire entrer nos autres produits. Sans cesse, nous devons nous renouveler, suivre les tendances de consommation, soigner notre image et, bien entendu, nous entourer de la meilleure équipe possible.» Marie Gosselin, présidente-directrice générale des Serres du St-Laurent

Historique: C'est en 1989 à Portneuf, dans un premier complexe de serres, que commence la culture des tomates Savoura, offertes alors dans l'est du Québec. Cinq ans plus tard, l'entreprise fait son entrée sur le marché montréalais grâce à l'acquisition, en 1994, d'un complexe de serres à Danville, près d'Asbestos.

L'entreprise accroît ensuite sa production en achetant, en 1996, une serre à Sainte-Marthe-de-Vaudreuil. De plus, l'achat d'un quatrième complexe de serres à Saint-Janvier-de-Mirabel en 1998, ainsi que la construction d'une nouvelle serre sur le site de Danville, permettent à Savoura d'approvisionner sa clientèle de façon constante durant toute l'année.

Enfin, à l'été 2007, une nouvelle serre à la fine pointe de la technologie est construite à Saint-Étienne-des-Grès. Ce nouveau complexe de serres est chauffé aux biogaz émanant du site d'enfouissement adjacent comme source d'énergie, ce qui contribue à diminuer la production des gaz à effet de serre. Les serres totalisent ainsi une superficie de 18 hectares, soit l'équivalent de 35 terrains de football.