L'empire médiatique Canwest prévient qu'il devra fermer les portes du quotidien National Post, qui n'est pas rentable, s'il n'obtient pas d'ici vendredi la permission de le transférer à une division de l'entreprise qui possède d'autres journaux.

L'entreprise affirme dans des documents déposés en cour que ses créanciers refusent de continuer à financer les activités de la publication, qui continue d'enregistrer des pertes d'exploitation importantes. L'affaire fera l'objet d'une audience, vendredi à Toronto.

En cas de fermeture, les 277 employés du National Post seraient immédiatement remerciés.

Certaines divisions de CanWest, incluant sa chaîne de télévision généraliste Global TV et le Post, se sont placées sous la protection des tribunaux contre leurs créanciers plus tôt ce mois-ci.

Canwest affirme que le National Post partage plusieurs opérations avec d'autres journaux de la compagnie, qui sont regroupés dans une division - Canwest Limited Partnership - qui ne s'est pas placée à l'abri des créanciers. Cette division rassemble notamment les quotidiens The Gazette de Montréal, Ottawa Citizen et Edmonton Journal.

«Depuis sa création en 1998, le National Post n'a jamais généré de profit et continue d'enregistrer des pertes d'exploitation importantes», affirment les documents.

Le directeur financier, John Maguire, ajoute dans ces mêmes documents que le Post a généré des pertes de 62 millions au cours des quatre dernières années seulement, exclusion faite des intérêts, des taxes, de la dépréciation et de l'amortissement.

L'entreprise de Winnipeg, qui croule sous le poids de sa dette de 4 milliards, s'emploie à restructurer ses activités.

Canwest a indiqué qu'elle voulait compléter sa restructuration sous supervision judiciaire au cours des six prochains, préférablement d'ici janvier.

Le Post doit aussi 139,1 millions à Canwest Media, sa société de portefeuille, parce que celle-ci l'a aidé à défrayer ses salaires, ses dépenses en immobilisations et ses pertes d'exploitation.

«Canwest veut mettre de la pression sur les tribunaux pour obtenir le feu vert pour le transfert, a expliqué l'analyste Carmi Levy de la firme AR Communications. Pour souligner l'urgence de la situation, elle lance cette menace. Mais ça pourrait très bien n'être que ça -  une menace. On peut très bien voir ça comme un tactique musclée de négociation.»

Les documents présentés par Canwest présentent un système d'exploitation complexe qui relierait le Post aux autres journaux de Limited Partnership. Ce partenariat irait d'un partage de contenu à un partage des services de paie ou de service à la clientèle.

À l'époque où Canwest a essaimé sa division des quotidiens, en 1995, le National Post avait été exclu du transfert parce qu'il n'était pas rentable. Canwest avait jugé qu'il n'aurait pas été approprié de l'inclure dans une fiducie de revenus. Le Post était demeuré propriété entière de Canwest sous la division National Post Company.