«On donne des voitures à des gens qui ne savent pas conduire. Il faut d'abord former de bons conducteurs et après on aura des voitures.» C'est ainsi que Charles Sirois résume la mission d'Enablis, un réseau fondé pour soutenir les entrepreneurs des pays en développement, notamment en Afrique.

L'idée est née au sommet du G8 de 2000, au Japon. À l'époque, le G8 avait formé un comité sélect de huit gens d'affaires (un par pays), dont Charles Sirois, pour trouver des façons de réduire la pauvreté avec la technologie. C'est ainsi qu'a été créé Enablis, du verbe anglais enable (faciliter). Charles Sirois a pris la présidence de l'organisme à but non lucratif.

Enablis est un réseau de membres, sélectionnés en fonction de leurs qualités entrepreneuriales. «Être entrepreneur est un style de vie. On naît entrepreneur, on ne le devient pas», explique M. Sirois.

L'organisation accrédite les membres, les forme et ultimement participe au financement de leurs projets. La formation est diverse (comptabilité, droit, etc.), mais un des principaux volets a trait à l'utilisation de la technologie. Les multinationales Microsoft et Accenture, spécialisées en technologie, sont d'ailleurs deux des principaux commanditaires privés d'Enablis.

Les règles de l'organisation, qui tiennent sur 40 pages, se résument en quatre grands principes: respect, professionnalisme, intégrité et durabilité.

L'Afrique du Sud a servi de base de départ à Enablis, en 2004, mais le réseau s'est étendu à d'autres pays africains comme le Kenya, le Mozambique, la Tanzanie et le Ghana, notamment. Enablis compte 822 membres actifs et en vise 30 000 d'ici 10 ans, en Amérique du Sud, notamment.

À ce jour, les membres ont créés 5029 emplois. Comme un emploi sort 10 personnes de la pauvreté, calcule Charles Sirois, 50 000 Africains ont bénéficié d'Enablis à ce jour.

«C'est bien plus facile de vendre de la misère à la télévision que du succès. Or l'Afrique va s'en sortir avec du succès, pas avec de la misère. Et moi, je m'occupe du succès. Au bout du compte, si je peux créer le futur Bill Gates africain, je vais avoir réussi.»