Son frère jumeau a été condamné à la prison pour tentative de meurtre, en 2000. Sa mère a échappé de peu à une fusillade, en 2004. Mais il a fallu qu'Amir Javid touche le fond, dans une ruelle du Downtown Eastside, en 2006, pour qu'il tourne le dos à son gang.

«Je n'étais jamais en paix», dit-il. Avec ses tatouages, ses bijoux clinquants et ses souliers de cuir verni blanc, Amir Javid, 26 ans, a encore le look de l'emploi, alors qu'il déambule sur Main Street avec son jeune pitbull. C'est ce qui l'aide à parler aux prostituées titubantes comme aux jeunes dans les écoles, pour les prévenir des dangers des gangs ou pour les aider à s'en sortir, la mission de son organisation, Real World Truth.

Amir Javid, qui a grandi dans Richmond, comprend l'attrait des gangs, qui ne tient pas qu'à l'argent facile, aux drogues, aux bagnoles et aux filles. «On me voyait seulement comme un Iranien, on s'en prenait à moi, se souvient-il. Moi, je voulais avoir une identité, appartenir à une communauté. Le gang, c'était une façon de s'unir et de se protéger.»

Amir Javid, père d'un bébé de 20 mois, déplore qu'à Vancouver, la consommation de drogue soit considérée avec autant d'indulgence. «La drogue, c'est un très gros business où les fusils servent de monnaie d'échange. Les gens ne se rendent pas compte qu'en cautionnant implicitement ce système, ils alimentent les rivalités entre gangs.»

United Nations, Red Scorpions, Independent Soldiers, Hells Angels... Entre janvier et août, il y a eu 47 meurtres à Vancouver; en 2008, 59. Quatre assassinats sur 10 sont liés au trafic de drogue et au crime organisé, selon la Gendarmerie royale du Canada, une proportion nettement plus élevée qu'ailleurs au pays.

Mais c'est du passé pour Amir Javid. «Aujourd'hui, je peux me regarder dans le miroir.»