«Longtemps, Sorel-Tracy a été reconnue à travers le Québec comme étant l'une des régions les plus polluantes, notamment en raison de toutes ses grandes entreprises du secteur des métaux», indique d'emblée Josée Plamondon, directrice générale du Centre local de développement Pierre-De Saurel.

Or, les différents intervenants de la région ont décidé de prendre les mesures nécessaires pour changer la donne et, même, pour devenir des leaders dans le domaine de «l'écologie industrielle», une approche qui préconise l'utilisation des déchets de production.

«Au début des années 90, la région a fait son premier plan de redressement et, à partir de 1995, on a vraiment pris le virage environnemental en mettant l'accent sur l'écologie industrielle. Nous avons sensibilisé les entreprises pour les amener à valoriser leurs résidus en développant différentes technologies environnementales», explique Mme Plamondon.

Évidemment, lorsqu'une région souhaite prendre un tel virage, elle doit mobiliser plusieurs acteurs pour agir sur différents fronts. Entre autres, en 1999, le Cégep de Sorel-Tracy a créé le Centre de transfert technologique en écologie industrielle (CTTEI) qui intervient auprès des entreprises sur la gestion et la mise en valeur des matières résiduelles.

«Nous travaillons avec les entreprises pour les amener à utiliser diverses techniques de valorisation. Nous tentons aussi de susciter de nouveaux projets auprès des entreprises, de les amener à développer de nouvelles technologies et de nouveaux produits», indique Hélène Gignac, directrice générale du CTTEI.

L'organisme accompagne les entreprises dans leurs démarches et peut les aider à améliorer leurs pratiques d'un point de vue environnemental, notamment en analysant le cycle de vie de leurs produits.

Le CTTEI travaille aussi avec le Technocentre en écologie industrielle pour mettre en place une plateforme de recherche et développement sur l'écologie industrielle et le développement durable.

Deux exemples

Si le grand virage de l'écologie industrielle est relativement nouveau dans la MRC Pierre-De Saurel, certaines entreprises ont été des précurseurs. C'est le cas de Matériaux Excell qui valorise les résidus produits par les aciéries depuis près de 40 ans.

«Nous recevons environ un million de tonnes de résidus par année et nous les transformons en différents produits, comme des matériaux de construction, des fertilisants agricoles et du matériel pour le nettoyage au jet de sable», explique Marcel Allard, directeur, recherche et développement, chez Matériaux Excell.

L'entreprise de 65 employés, qui a un chiffre d'affaires de 30 millions,continue d'innover. Elle est actuellement en train de développer, avec le CTTEI, une nouvelle substance pour faire fondre la neige et la glace qui pourrait être utilisée par les voiries et qui, contrairement au sel, serait sans impact pour l'environnement. Elle travaille aussi avec Polytechnique pour développer un produit qui aurait la capacité de capter le phosphate des cours d'eau, cette substance qui crée les algues bleues.

D'autres entreprises innovatrices sont plus récentes dans la région, comme Ferrinov, qui récupère les poussières d'aciérage pour en faire des pigments anticorrosifs pour la peinture industrielle.

«C'est à la demande des aciéries de la région que nous avons fait de la recherche et développement pour arriver à ce produit», affirme Louis Archambault, président de Ferrinov.

Après 10 ans de travail, l'entreprise vient tout juste de signer une importante entente de distribution de cinq ans avec l'entreprise Wonder Technology pour le marché chinois. «C'est important pour nous, d'autant plus que la Chine représente environ 30% du marché mondial des pigments pour la peinture industrielle», ajoute-t-il.

Ferrinov espère signer une entente avec un grand distributeur canadien et se prépare à investir 2 millions dans l'agrandissement de son usine pour faire passer sa production de 200 à 1200 tonnes par année.