En août, une quinzaine de gens d'affaires de Winnipeg ont, pour la première fois, fait les deux heures et demie de vol pour aller visiter Churchill.

Quelque 80 ans après la fondation du port, la capitale manitobaine commence à prendre conscience de ce que Churchill peut représenter.

Un nouvel organisme appelé CentrePort Canada vient de recevoir 212 millions des gouvernements fédéral et provincial pour attirer des entreprises autour de l'aéroport de Winnipeg en misant sur la localisation de la capitale manitobaine, au confluent de nombre de voies routières importantes, de chemins de fer et de routes aériennes.

« Pourquoi ne pas tirer avantage de tout ça ? » demande le président du conseil de CentrePort, Kerry Hawkins. Et dans « tout ça », il inclut aussi le port de Churchill, duquel on redécouvre les avantages aujourd'hui. « Churchill est le meilleur actif de CentrePort », dit l'ancien ministre Lloyd Axworthy, président du conseil de la Churchill Gateway Development Corporation.

Dans la vision de CentrePort, Winnipeg et Churchill sont au centre d'un long corridor commercial qui va de Monterrey, au Mexique, à Mourmansk, de l'autre côté de l'Arctique en Russie, via le pont arctique. C'est tout le centre du continent nord-américain qui devient alors un marché potentiel.

Pour Claude Comtois, professeur et spécialiste du transport maritime au département de géographie de l'Université de Montréal, il est encore trop tôt pour dire quel rôle pourra jouer dans le développement d'un route maritime nordique. « La navigation arctique, c'est encore un projet d'une décennie. »

Mais il s'agit tout de même « du plus gros port de l'Arctique et les infrastructures sont déjà là », ajoute M. Comtois. « Les autres projets, à Iqaluit ou ailleurs, en sont encore à leurs balbutiements. »