La Rive-Sud souhaite devenir le nouveau pôle aéronautique du Québec. Des leaders politiques et économiques ont choisi de se concerter en ce sens, pour éviter de voir cette niche florissante battre de l'aile.

Le député de Vachon, Camil Bouchard, croit que le départ d'une partie de la production de Pratt & Whitney vers Mirabel a bel et bien miné le développement de ce secteur sur la Rive-Sud. «Si on ne travaille pas tous ensemble pour garder ce pôle, il va nous échapper. C'est bien qu'une autre région puisse se développer, mais ayant une expertise et étant reconnu, ce serait dommage que personne ne réagisse dès les premiers signes d'effritement», soutient M. Bouchard.

Un appel à la solidarité régionale a été lancé aux dirigeants et acteurs de la Rive-Sud pour dynamiser le développement aérotechnique et aéronautique et attirer des capitaux dans la zone aéroportuaire de l'arrondissement de Saint-Hubert.

Cette volonté manifeste survient deux semaines après l'inauguration officielle des installations de Pratt & Whitney à Mirabel, où sera fabriquée la nouvelle gamme d'avions de la CSeries,

Le président de Développement aéroport Saint-Hubert de Longueuil (DASH-L), Jean-Jacques Rainville, partage ce désir d'une plus grande concertation régionale.

M. Rainville soutient qu'en plus des entreprises comme Pratt & Whitney et Héroux-Devtek, il importe d'inclure dans l'équation les quelque 500 personnes qui gravitent autour de l'école de pilotage, les employés des transporteurs et ceux des autres entreprises sises sur les terrains de l'aéroport.

«Notre spécialisation inclut aussi les activités de l'Ecole nationale d'aérotechnique (ENA), Aérovision qui promeut les métiers de l'aéroport et, par extension, l'expertise de l'Agence spatiale canadienne, dont l'édifice est situé dans le même secteur» précise-t-il.

Selon lui, il importe de faire en sorte que l'aéroport continue de se montrer concurrentiel et requiert des investissements gouvernementaux de 24 millions $.

«La piste principale accuse son âge et a besoin de fonds publics, par la suite, l'aéroport va générer suffisamment de revenus pour se développer et entretenir ses infrastructures sans support», assure M. Rainville, qui ajoute que l'aéroport, a été construit en 1927, bien avant celui de Dorval.

De son côté, la députée bloquiste de Saint-Bruno/Saint-Hubert, Carole Lavallée, juge que la personnalité aérospatiale et aéronautique de la Rive-Sud ne peut être niée. Elle considère qu'il est temps de rassurer les investisseurs, qui pourraient être tentés de mettre leurs billes ailleurs.

Elle croit qu'il existe suffisamment de projets pour rallier non seulement la communauté des gens d'affaires de l'arrondissement Saint-Hubert, mais aussi de plusieurs municipalités de la couronne sud et une part non négligeable de citoyens.

Elle déplore cependant que malgré des engagements tacites, les développements concrets piétinent toujours.

«Il faut que les gouvernements nous aident pour que le développement voit le jour. Je veux savoir où est rendu le projet et quand il sera annoncé? Il y a quelque chose qui zigone quelque part», dit-elle.

A son avis, le problème ne peut se résumer au montant en cause, d'autant que plusieurs sommes ont été débloquées pour des projets d'infrastructures, dans plusieurs régions, tant au Québec qu'ailleurs au pays. Elle presse donc les gouvernements provincial et fédéral de déterminer concrètement, où en sont les discussions.