La gestion des risques est un aspect capital de la gouvernance. Les membres du conseil d'administration doivent s'assurer que la haute direction prend les mesures nécessaires pour prévoir les risques et diminuer leur probabilité. Un rôle particulièrement important en temps de crise.

«Une conjoncture économique comme celle qu'on vit actuellement, on ne voit pas ça souvent», indique d'emblée Umberto Delucilla, associé, risques d'entreprise, chez Samson Bélair Deloitte & Touche.

Et ce n'est pas sans causer des soucis aux dirigeants d'entreprise. «Les impacts de la crise sont assez fondamentaux et tout ce qui touche à la gestion de risques a changé. On ne peut plus regarder ce qui s'est passé ces dernières années pour prévoir ce qui se passera dans les 12 prochains mois», explique-t-il.

D'ailleurs, si on se retrouve à traverser une crise aussi profonde, c'est justement parce que les risques ont été mal gérés dans le passé, d'après Yves Nadeau, associé, certification et gestion des risques chez RSM Richter Chamberland.

«Il y a des choses qui n'ont pas été faites dans les règles de l'art au sein de nombreuses organisations et là, il faut agir», indique-t-il.

Plusieurs gestes à faire

D'après les experts consultés, une profonde remise en question est de mise pour la haute direction et le conseil d'administration de toute société.

«D'abord, on doit décortiquer ce qui s'est passé et ce qui se passe tout en se demandant où sont les problèmes. En fait, il faut identifier les risques qui pourraient faire en sorte que l'entreprise ne puisse pas réaliser ses objectifs», indique M. Nadeau.

En fait, bien des entreprises ont déjà dressé une liste de risques, mais d'après M. Delucilla, les dirigeants doivent maintenant la reprendre et la revoir dans le contexte actuel.

Un bel exemple de risque nouveau? La difficulté d'aller chercher du financement.

«Les banques sont plus prudentes qu'avant, affirme M. Delucilla. Certaines se retirent même de projets déjà démarrés. Les entreprises doivent donc prendre ces risques en considération et en évaluer les impacts, qui peuvent être nombreux, car bien des risques sont interdépendants.»

L'un des grands problèmes vécus par plusieurs entreprises actuellement, d'après Thierry Dorval, associé, gouvernance et responsabilité des administrateurs chez Ogilvy Renault, c'est qu'en raison de leurs ressources limitées, elles se sont attardées seulement sur les risques les plus probables qui pourraient causer le plus de dommages. «Or, nous vivons actuellement la pire récession depuis très longtemps, plusieurs entreprises sont surendettées et souffrent d'un manque de liquidité, indique-t-il. C'est la tempête parfaite et on réalise que des risques peu probables, mais aux effets dévastateurs peuvent se produire et jeter une compagnie par terre. Les entreprises doivent donc débloquer des ressources pour gérer ces risques.»

Enfin, le conseil d'administration et la haute direction doivent comprendre qu'un mécanisme de surveillance continu doit être mis en place pour gérer les risques au quotidien, indique Yves Nadeau.

«Combien d'entreprises ont mis en place un plan de procédures à suivre lors de la menace de pandémie de grippe aviaire? Et combien ont déposé ce plan sur une tablette sans le remettre à jour? Est-ce que le plan fonctionne toujours dans le contexte actuel? La gestion de risques, c'est un processus continu.»