Les résultats de deux forages horizontaux par Talisman Energy et ceux de Junex et Gastem pourraient fort bien ranimer en Bourse les titres des explorateurs de gaz naturel au Québec.

Toutefois, les financiers ne sont pas unanimes sur les perspectives et le moment où il faut investir dans ces sociétés.

Ainsi, Benoit Gervais, gestionnaire de portefeuilles spécialisé dans les ressources naturelles pour la Corporation financière Mackenzie, s'intéresse davantage aux projets de shales plus avancés de la Colombie-Britannique et des États-Unis.

«Il y a de la concurrence dans les shales gazéifères, dit-il. La percée technologique qui a déclenché leur mise en valeur est maintenant utilisée partout dans le monde. Nous croyons que les projets de l'Utica sont encore trop jeunes.»

Selon lui, il n'y a pas encore de résultats qui permettent de confirmer que l'exploitation de ces projets sera concurrentielle à celle des projets de Montney et Horne River, en Colombie-Britannique, ou de Haynesville et Marcellus aux États-Unis.

Quant à eux, les analystes de BMO Nesbitt Burns ont répertorié sept projets de shales avancés en Amérique du Nord, lesquels totalisent des ressources de gaz récupérables de 230 tcf (1 tcf = 1000 milliards de pieds cubes). Par comparaison, la consommation annuelle de gaz du Québec est autour de 200 bcf (1 bcf = 1 milliard de pieds cubes).

Selon BMO, le débit initial moyen de ces puits lors de la mise en exploitation dépasse les 6 000 000 de pieds cubes par jour (6000 kpc/j).

Toujours selon l'étude, les shales de Haynesville, en Louisiane, et de Marcellus, en Pennsylvanie, seraient les plus rentables. Les analystes estiment que le taux de rendement interne de ces exploitations serait de 27%, comparativement à une moyenne de 23% pour l'ensemble des projets étudiés.

Les shales de l'Utica ne figurent pas dans les projets étudiés par BMO. Toutefois, plusieurs analystes jugent que les profits de l'exploitation du gaz de l'Utica et les rendements boursiers espérés valent le risque de l'investissement, d'autant plus que la qualité du gaz naturel de l'Utica lui vaudrait une prime notable par rapport au cours du Nymex.

Ken Lin, analyste chez Research Capital, recommande à titre d'achat spéculatif le titre de Gastem (Van, GMR, 40 cents). Avec son partenaire Canbriam Energy, Gastem vient de commencer le forage d'un puits gazier sur une concession située près de Saint-Hyacinthe.

«Le cours actuel est un bon point d'entrée pour acheter le titre. Toutefois, la mise en valeur de l'Utica n'en est qu'à ses débuts», a fait valoir M. Lin, qui effectue présentement une tournée de projets au Québec.

M. Lin est aussi très enthousiaste en ce qui a trait au titre de Questerre Energy (Tor, QEC, 2,29$), pour lequel il a établi une cible de 4,50$ d'ici un an.

Questerre vient de publier une évaluation indépendante de ses ressources de gaz dans l'Utica qui indique la présence d'un minimum de 2,2 tcf de gaz, une augmentation de plus de 60% par rapport à ce qu'on en attendait.

Ce chiffre indique seulement un volume potentiel de gaz. Il faudra encore beaucoup d'investissements et de travaux avant de savoir quelle portion de ce volume peut être exploitée de façon rentable.

Kim Page, analyste chez Wellington West Capital Market, est d'avis que la nouvelle évaluation des ressources potentielles de Questerre et les autres résultats de forage dans l'Utica sont positifs en général.

«Pour démontrer la viabilité économique de l'exploitation, il faut prouver que le débit de gaz des puits est soutenable sur une longue période», explique M. Page.

L'analyste a toutefois réduit ses cibles sur les titres des principaux acteurs de l'Utica.

Bien que les résultats publiés par Questerre fassent état d'un volume de gaz plus élevé que prévu, le taux de récupération du gaz en place passe de 15% à 13,8%. Il invoque aussi la chute du prix du gaz dans la baisse de l'évaluation des titres.

Ainsi, la cible de M. Page sur Questerre passe de 8,75$ à 4$, celle sur Gastem, de 4,25$ à 2,45$, et celle sur Junex (Van., JNX, 1,53$) de 9,50$ à 4$.

Selon M. Page, au prix courant de 3$ le kpc , l'investissement dans le gaz de l'Utica n'est pas rentable. Toutefois, selon un scénario d'un prix du gaz de 6,35$ le kpc basé sur le cours actuel des contrats de gaz à long terme, le taux de rendement interne d'un investissement dans les projets de l'Utica atteindrait 37%.

 

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