En sévère perte de vitesse, les grands acteurs de l'aéronautique entraînent dans leur sillage un grand nombre de fournisseurs québécois.

«Nous restons dans une situation où ce n'est pas très brillant, soupire Philippe Hoste, chef de la direction de Sonaca Montréal, fabricant de panneaux d'ailes établi à Mirabel. Des signes de reprise, je n'en vois pas de la part de nos clients. Au contraire, nous voyons encore des effritements, bien que ce ne soit pas aussi important que ce que nous avons connu au début de l'année.»

 

Il y a quelques jours, Bombardier a annoncé l'annulation d'une commande de 15 biréacteurs régionaux CRJ1000 par le transporteur italien MyWay, qui a mis fin à ses activités il y a quelques semaines.

«Nous espérons que cela n'aura pas d'impact sur la cadence de production (de Bombardier) à Mirabel, mais nous n'en savons rien», indique M. Hoste.

La filiale montréalaise du groupe belge Sonaca s'attendait à une croissance de 15% en 2009. Elle devra plutôt faire face à un repli de 15%.

«Nous avons dû faire des mises à pied, mais nous sommes sur le point de démarrer un programme de travail à temps partagé, déclare M. Hoste. Nos 230 employés passeront à la semaine de 32 heures. Ça nous permet d'espérer qu'il n'y aura plus de mises à pied importantes.»

Pour Sonaca, il est important de conserver le personnel.

«La formation est longue, coûteuse, difficile, explique M. Hoste. Et nous aurons plus de flexibilité pour redémarrer.»

À Shawinigan, les 37 employés de Placeteco ne travaillent plus que trois jours par semaine.

«C'est une réduction significative, observe le directeur général de l'entreprise, Serge Francoeur. Depuis le début de l'année, il y a eu un décalage au chapitre des commandes.»

Placeteco fabrique notamment des pièces pour l'intérieur des cabines des biréacteurs régionaux de Bombardier et de certains de ses avions d'affaires, en plus de fournir des pièces à Bell Helicopter Textron Canada. Ces deux donneurs d'ouvrage ont été particulièrement touchés par le ralentissement.

«Je m'attends à ce que les choses commencent à se replacer autour de l'automne, mais ça risque d'être très graduel», avance M. Francoeur.

À Pointe-Claire, Leesta Industries a vu ses affaires chuter de 40 à 50%. Elle a mis à pied 15% de son personnel et a réduit à quatre jours la semaine de travail de ses autres employés.

«Ça pourrait être bien pire, commente Ernie Staub, président de la petite entreprise, qui fabrique des pièces pour les moteurs d'avion. Au moins, la glissade semble être terminée.»

Il s'attend à ce que Leesta maintienne ses activités au cours de l'année à venir, «avec une croissance minimale mois après mois».

Une PME de Saint-Jean-sur-Richelieu, FDC Composites, connaît aussi une année plus difficile que prévu, mais elle s'en tire mieux que plusieurs autres: elle fabrique des pièces en matériaux composites, qui sont de plus en plus recherchées dans le monde de l'aéronautique. Les activités de FDC Composites sont donc toujours en croissance, même si cette croissance est moins élevée que ce qui était prévu.

L'entreprise n'a pas procédé aux embauches qu'elle prévoyait effectuer, mais elle n'a pas non plus fait de mises à pied.

Pour le président-directeur général, Jacques Cabana, il est difficile de savoir quand l'industrie reprendra de la vigueur.

«Nous avons peut-être frappé le fond du baril, indique-t-il. Nous en aurons une meilleure idée d'ici à la fin du trimestre. Septembre sera un bon indicateur de ce qui se passera d'ici à la fin de l'année.»