Des billets plus chers de 10%. Des bourses en hausse de 25%. Un record d'assistance en vue. Des profits de 5 à 6 millions. Inspirée par le jeu de ses têtes d'affiche, la Coupe Rogers passe un as à la récession.

«La récession n'a pas frappé si fort à cause de la force de notre produit, dit Eugène Lapierre, directeur de la Coupe Rogers. En plus, l'offre de sport professionnel est plutôt limitée durant l'été à Montréal.»

 

Eugène Lapierre espère vendre 185 000 billets cette semaine, soit 1000 de plus que le record établi au dernier passage de Roger Federer et Rafael Nadal à Montréal, en 2007. L'an dernier, les femmes avaient attiré 175 000 spectateurs au stade Uniprix. Hier, Tennis Canada avait déjà vendu 164 000 entrées. «Je suis sûr à 90% de battre notre record de ventes, dit Eugène Lapierre. À pareille date, nous sommes en avance sur nos ventes de 2007.»

Curieusement, la Coupe Rogers a augmenté le prix de ses billets de 10% par rapport à l'an dernier. Une drôle de stratégie en pleine récession, mais bien involontaire, assure Eugène Lapierre. «Nous établissons nos prix plus d'un an à l'avance, dit le directeur de la Coupe Rogers. Au printemps 2008, personne ne parlait de récession. Nous avons fait des soldes pour vendre plus de billets, mais finalement, nous n'en aurions vraiment pas eu besoin. Nous avons eu de la publicité gratuite tout le printemps avec Roland-Garros et Wimbledon.»

Afin de vendre autant de billets, Eugène Lapierre a ajouté deux nouvelles catégories de billets: les séances de soir sur le court n° 1 et la finale sur écran géant sur le terrain n° 1. Les spectateurs auront ainsi droit à l'image de la télé tout en entendant les cris de la foule sur le court central situé à quelques mètres.

Tennis Canada devrait récolter des revenus de 15 à 16 millions cette semaine au stade Uniprix. Après avoir soustrait les dépenses du comité organisateur et la bourse de 3 millions US remise aux joueurs, Tennis Canada générera des profits de «5 à 6 millions» durant le tournoi montréalais, selon Eugène Lapierre. «Nous sommes un organisme à but non lucratif, dit-il. Tous les profits sont réinvestis dans le développement du tennis au Canada.»

La récession a toutefois rattrapé la Coupe Rogers au chapitre des ventes de loges. Jusqu'à la semaine dernière, Tennis Canada accusait un retard considérable par rapport aux années précédentes. Le téléphone a toutefois commencé à sonner au cours des derniers jours. «Nous avons vendu plus de loges depuis une semaine que durant toute l'année, dit Eugène Lapierre. Normalement, les entreprises inscrivent cette dépense à leur budget longtemps à l'avance, mais les décisions se prennent à la dernière minute cette année.»

Le tournoi montréalais a aussi conservé la grande majorité de ses commanditaires. «Les commanditaires québécois ont tous renouvelé leur contrat, dit Eugène Lapierre. Nous avons perdu quelques commanditaires internationaux, dont Acura, que nous avons remplacé par Audi. Nous nous trouvons chanceux d'avoir pu négocier une entente avec un constructeur automobile dans le climat économique actuel!»

Impact touristique sous-estimé

S'il réussit à convaincre les amateurs de tennis de se déplacer au stade Uniprix année après année, Eugène Lapierre a eu moins de succès avec les gouvernements fédéral et provincial, qui ne lui versent pas un sou cette année. Tourisme Québec lui a même retiré sa subvention.

«À Québec, le Ministère me répond que nous n'aurons pas d'argent parce que nous faisons des profits, dit Eugène Lapierre. C'est vrai, mais nous ne sommes sûrement pas la seule activité subventionnée à faire des profits. Moi, je joue à livre ouvert et je ne comprends pas pourquoi je suis pénalisé. Ça n'a pas de sens.»

Avec le départ du Grand Prix de F1, Tennis Canada estime organiser la manifestation sportive la plus importante au Québec pour la visibilité internationale. «Cette semaine, 125 millions de personnes regarderont la Coupe Rogers à la télévision», dit Eugène Lapierre.

Selon les organisateurs, la Coupe Rogers générerait des retombées économiques de 28 millions de dollars, dont 12 millions de la part de visiteurs de l'extérieur du Québec. Les spectateurs proviennent à 65% de la grande région de Montréal, mais 16% - environ 29 600 - viennent de l'Ontario, des États-Unis et d'aussi loin que l'Argentine. «Nous avons plusieurs visiteurs argentins, surtout l'année où les hommes viennent jouer à Montréal, car il y a plusieurs bons joueurs argentins dans le circuit masculin, dit Eugène Lapierre. Outre le US Open, c'est le tournoi d'envergure le plus près de chez eux.»

 

DES RÉNOVATIONS EN VUE

Tennis Canada souhaite rénover l'ancien domicile des Expos de Montréal, réaménagé en centre de tennis au coût de 39 millions en 1996. L'organisme veut agrandir le court n° 1, construire quatre terrains de terre battue, agrandir les bureaux du centre d'entraînement pour les meilleurs espoirs de 13 à 18 ans, agrandir les vestiaires des joueurs et construire de nouveaux bureaux administratifs. Coût des rénovations : 12 millions de dollars, que Tennis Canada espère diviser en trois avec le gouvernement fédéral et le gouvernement québécois. Tennis Canada espère obtenir le financement gouvernemental nécessaire afin de commencer les travaux à l'automne 2010. Le projet doit aussi obtenir l'aval de la Ville de Montréal.

LA COUPE ROGERS EN CHIFFRES*

Objectif : 185 000 billets vendus

Revenus : 15 à 16 millions

Profits : 4 à 5 millions

* chiffres de 2009