Grosse nouvelle dans la petite communauté juridique montréalaise: Maryse Bertrand, l'associée superstar de Davies Ward Phillips & Vineberg, quitte le cabinet pour aller travailler en entreprise. 

Dès le 8 septembre, on la retrouvera à la Société Radio-Canada, comme nouvelle Vice-présidente, Services immobiliers, Services juridiques et avocat-conseil.

Elle devient ainsi le grand boss des services juridiques et de la division immobilière de CBC/Radio-Canada.

Un nouveau poste, spécialement créé pour elle!

«Après 29 ans passés chez Davies, j'avais envie de faire autre chose», a expliqué ce matin Maryse Bertrand, jointe au téléphone par La Presse à La Malbaie où elle est en vacances.

Cette «autre chose», c'est le grand patron de Radio-Canada, Hubert Lacroix en personne, qui le lui a proposée il y a quelque mois, en lui offrant non seulement la direction des services juridiques mais aussi celui du parc immobilier de la société, qui compte plusieurs milliers de pieds carrés.

«Comme avocat d'affaires, on conseille nos clients, mais arrive un temps dans la vie où l'on a envie de prendre nous-mêmes des décisions», explique Maryse Bertrand, qui souligne que le côté gestion/management de son nouveau job a beaucoup penché dans sa décision d'accepter le poste.

«J'ai le goût de développer de nouveaux talents», dit-elle.

Des décisions, elle aura d'ailleurs à en prendre rapidement. Radio-Canada, ce n'est un secret pour personne, vit présentement une crise budgétaire importante. On s'attend donc à plusieurs transactions, soit la vente ou encore la monétisation de certains actifs immobiliers.

Chez Davies, on se dit évidemment déçu de perdre une avocate de ce calibre, mais on comprend sa décision.

«Comme gestionnaire, c'est toujours désappointant de perdre des gens de grand talent, dit Pierre-André Themens, l'associé-directeur. Mais comme ami, je suis content pour elle car elle avait vraiment envie de faire autre chose.»

Maryse Bertrand l'admet sans détours, en acceptant ce poste, elle a aussi accepté aussi une baisse de sa rémunération. Ce n'est donc pas pour l'argent, mais pour le défi qu'elle a sauté à pieds-joints sur la proposition, bien que, avoue-t-elle, ce fut l'une des décisions les plus difficiles de sa vie.

«J'ai eu 50 ans cette année, dit-elle, et il me reste 10-15 ans de vie professionnelle. C'est le genre d'occasion qui se présente rarement. C'était maintenant ou jamais.»

Autres infos:

Chez Davies, Maryse Bertrand se spécialisait en droit des sociétés et en droit des valeurs mobilières. Sa pratique était axée sur les opérations liées au financement d'entreprises, notamment les placements de titres de participation et de titres d'emprunt, les fusions et acquisitions visant des sociétés ouvertes, les fonds d'acquisitions et les sociétés d'entrepreneur.

Au cours des quelques dernières années, elle a dirigé ou joué un rôle clé dans un grand nombre d'importantes opérations transfrontalières ou pancanadiennes, notamment l'acquisition par le Groupe TSX de la Bourse de Montréal, l'acquisition par Texas Pacific Group de Axcan Pharma, l'acquisition de BCE par le groupe d'investisseurs mené par Teachers Private Capital pour une somme record de 51,7 milliards de dollars, la fusion d'égaux entre Abitibi-Consolidated et Bowater, l'acquisition de La Senza par The Limited Group, la prise de contrôle par Circuit City de InterTan (Radio Shack), l'acquisition par Couche-Tard de la société The Circle K Corporation et la vente par BCE de Telesat Canada. Elle a aussi récemment avisé le comité spécial de Ciment St-Laurent Inc. dans le cadre de la privatisation de cette société par Holcim.

Maryse Bertrand est considérée comme un des avocats les plus influents en droit des sociétés au Canada; son nom a figuré dans la liste des 30 meilleurs négociateurs au Canada (Canada's Top 30 Corporate Dealmakers), celle des 25 meilleures avocates au Canada (Canada's Top 25 Women Lawyers) et celles des 100 avocats les plus créatifs (Canada's 100 Most Creative Lawyers) du magazine Lexpert.

Elle a reçu à titre inaugural la distinction «Advocatus Emeritus», accordée par le Barreau du Québec en reconnaissance d'une contribution exceptionnelle à la profession. Elle est également recommandée, depuis 2002, comme avocate de pointe en matière de droit des sociétés et de fusions et acquisitions dans The World's Leading Lawyers de Chambers Global, où elle a été reconnue à titre d'»avocate grandement respectée ayant une expertise en matière d'opérations de nature très diversifiée touchant au droit des sociétés», dans le Guide to the Leading 100 Canada/U.S. Cross-Border Corporate Lawyers in Canada, dans le répertoire juridique canadien LEXPERT, dans le Which lawyer de PLC, dans The Best Lawyers in Canada et dans le Guide to the Leading 500 Lawyers in Canada de LEXPERT/American Lawyer.

Elle a été l'une des récipiendaires du prix «Femme à l'honneur 2000», qui est remis chaque année par le comité Action femmes d'affaires de la Chambre de commerce de Montréal à des femmes occupant des postes de leadership. Elle a été nommée comme l'une des 50 femmes les plus influentes au Canada par The National Post en 2004 et comme «Femme de l'Année» par le magazine Elle Québec en 2008. Elle s'est vue attribuer la cote la plus élevée par Martindale-Hubbell.