Avec les besoins importants en main-d'oeuvre des prochaines années, ce sera tentant pour les retraités de revenir sur le marché du travail, car on leur offrira des conditions alléchantes.

Et ceux qui atteindront l'âge de la retraite pourraient bien décider de rester au bureau à temps partiel. Du moins, c'est ce que leurs employeurs souhaitent, dans bien des cas.

De plus en plus, on verra des gens continuer à travailler passé l'âge habituel de la retraite.

Cela posera divers défis aux employeurs. Le choc générationnel en est un.

Bien sûr, les baby-boomers ont des valeurs et des attentes communes avec les générations suivantes. Plusieurs différences les séparent aussi, notamment dans leur attitude au travail.

Par exemple, selon Cécile Cournoyer, directrice de la gestion des talents à la Banque de développement du Canada (BDC), les boomers sont, de façon générale, plus attachés et plus loyaux envers les organisations pour lesquelles ils travaillent.

Les représentants de la génération X (nés entre 1965 et 1979) ont vu leurs parents perdre leur emploi, et ils sont plus loyaux envers eux-mêmes qu'envers leur employeur.

«Le X a besoin d'autonomie, dit Alain Samson, conférencier et auteur. Faites-lui confiance, donnez-lui un mandat et laissez-le faire. Vous pouvez même lui confier plusieurs mandats à la fois. Il sera plus productif, car il se lasse de travailler sur un même mandat. Tandis que le boomer préfère terminer un mandat avant qu'on lui en confie un autre.»

Quant aux membres de la génération Y, ils font beaucoup parler d'eux depuis leur arrivée au travail. Parfois parce que leurs prédécesseurs les trouvent trop gâtés!

Ils aiment être consultés, et veulent que leur opinion soit prise en compte. Ils sont indépendants et veulent savoir le pourquoi des choses. Quand ils font un travail, il faut leur expliquer ses objectifs. Et être fidèle à une organisation n'est pas la chose la plus importante à leurs yeux.

«Avec eux, il faut être positif, dit Alain Samson. Pour les garder, il faut créer un milieu de travail où ils pourront développer des amitiés et avoir du plaisir. Cela les dérange moins de quitter un emploi que de quitter un milieu où ils ont des amis.»

Des avantages sociaux adaptés

Pour Mme Cournoyer, de la BDC, la diversité générationnelle ne devrait pas être vue comme un problème. C'est une réalité avec laquelle les gestionnaires ont toujours dû composer.

«Elle a toujours existé, mais aujourd'hui on en parle davantage, dit-elle. C'est en partie parce que l'explosion technologique des dernières années a amené de nouvelles façons d'apprendre. Cela accentue parfois les différences. Du moins, ça rend la gestion de ces différences un peu plus complexe.»

Aujourd'hui, un employeur devrait prendre en considération les besoins variés des générations qui sont au sein de son entreprise en même temps. Notamment au chapitre des avantages sociaux.

«Quand les effectifs étaient plus homogènes, les avantages sociaux étaient les mêmes pour tous, dit Cécile Cournoyer. On a maintenant dépassé ce stade. Les avantages sociaux sont flexibles, car on reconnaît que les employés ont des besoins différents selon leur âge.»

Les organisations, qui décidaient ce qui était le mieux pour tout le monde, deviennent moins paternalistes. Au-delà d'un certain menu de base commun, on laisse aux employés la responsabilité de gérer leur régime en fonction de leurs priorités.

On assouplit également les horaires pour permettre aux semi-retraités de continuer à contribuer à l'organisation, ou aux plus jeunes de consacrer du temps aux activités personnelles et à la famille.