Pour bien gérer son patrimoine, il faut utiliser les bons outils. Ce dernier texte d'une série de 12 porte sur la retraite.

Si la retraite n'est plus un rêve lointain, mais une réalité qui se concrétisera d'ici quelques années, il vous faut un plan d'action pour retirer les économies accumulées pendant toute votre vie.

Comme futur retraité, vous faites face à trois risques, selon Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille associée de PWL Capital, et conseillère en sécurité financière. Il faut en tenir compte dans votre stratégie.

D'abord, il y a le risque des marchés financiers. Quand il reste peu d'années devant soi, il faut diminuer ces risques en modifiant la composition du portefeuille, en misant davantage sur des titres défensifs de qualité. Votre situation financière générale doit aussi être prise en compte.

«Si on a des sources de revenus ailleurs, comme un régime de retraite de l'employeur ou de l'immobilier, on peut laisser l'argent croître à l'intérieur d'un portefeuille équilibré avec des actions et des obligations, dit Dominique Vincent, gestionnaire de portefeuille chez MacDougall, MacDougall et MacTier. Mais si vos placements sont la source principale de vos revenus, il faut d'autant plus faire preuve de vigilance.»

Mais attention! Être trop prudent risque de vous exposer au second risque: celui de la longévité.

«Il arrive que des investisseurs ne veuillent plus connaître des reculs et transfèrent toute leur épargne dans des titres défensifs, dit Hélène Gagné. Ils risquent alors de perdre des rendements. Or, l'espérance de vie augmente. Il y a donc un risque que ces individus survivent à leur épargne.»

Le troisième risque est l'inflation. Celle-ci a graduellement diminué depuis 25 ans, après avoir été élevée dans les années 80. Mais il ne faut pas tenir pour acquis qu'elle restera faible pendant toute votre retraite.

Des études ont démontré que les retraités subissent l'inflation de façon plus marquée que le reste de la population, car les biens et services dont ils ont besoin connaissent un taux d'inflation plus élevé que d'autres biens. Si l'inflation que vous subissez est supérieure à vos rendements, ceux-ci deviennent alors négatifs!

Payer l'épicerie, et plus!

Quelle que soit la taille de votre bas de laine, il vous faudra régulièrement des liquidités pour répondre à vos besoins. Vous devez donc planifier ceux-ci longtemps à l'avance pour maintenir un train de vie acceptable.

Vous avez des contributions non utilisées dans votre REER?

Établissez un plan d'action pour combler celles-ci pendant les dernières années précédant votre retraite, en étalant ce rattrapage sur plus d'une année pour maximiser vos retours d'impôt, souligne Dominique Vincent.

Vous devez prévoir la façon dont vous effectuerez les retraits, de façon à minimiser l'impôt à payer et avoir des liquidités disponibles en tout temps sans faire fondre trop vite votre capital. Pour ce faire, privilégiez les titres qui paient des dividendes pour générer des revenus.

Et du point de vue fiscal, il est plus avantageux d'utiliser votre épargne non enregistrée avant de toucher au REER.

Selon plusieurs études, pour éviter d'épuiser votre capital trop vite, à 65 ans, vous devriez puiser au maximum 4% par année de vos économies, à condition de maintenir un portefeuille investi à 50% en actions, selon Hélène Gagné.

Si vous constatez un manque à gagner entre vos besoins et vos revenus à la retraite, quelques possibilités s'offrent encore à vous, selon Patrice Delisle, directeur principal, stratégies retraite à la Banque Nationale.

«On peut soit réduire son train de vie et ses attentes, ou travailler plus longtemps, ou à temps partiel, dit-il. Ou encore, regarder comment l'épargne est investie et se demander si on est capable d'accepter un niveau de risque plus élevé dans l'espoir d'obtenir un rendement supérieur.»

FERR, rente, ou les deux?

La loi vous oblige à retirer ou à transférer votre REER dans un autre régime le 31 décembre de l'année où vous atteignez 71 ans.

Trois options sont possibles, mais vous pouvez choisir une combinaison des trois. La moins avantageuse est de simplement retirer l'argent, car vous serez alors imposé à votre taux marginal, et cet impôt sera prélevé à la source.

Pour éviter cela, vous pouvez transférer votre argent dans un Fond enregistré de revenu de retraite (FERR) où il restera à l'abri de l'impôt. L'année suivant la conversion, vous devrez commencer à retirer de l'argent de votre FERR en respectant un pourcentage minimal qui augmentera chaque année.

Pour les REER convertis en FERR après 1992, ce pourcentage est de 7,38%. Ces retraits sont imposables. À votre décès, le solde de votre FERR peut être transféré à votre conjoint.

La rente viagère

La troisième option est d'utiliser l'argent accumulé dans votre REER pour souscrire à une rente auprès d'une société de fiducie ou d'une compagnie d'assurances. La rente permet d'avoir des revenus fixes garantis jusqu'à la fin de votre vie, ou jusqu'à ce que vous et votre conjoint soyez décédés, selon le type de rente.

«Une chose est certaine, ce produit vient régler le risque de longévité sur une partie du capital», dit Hélène Gagné, gestionnaire de portefeuille associée de PWL Capital, et conseillère en sécurité financière. Au Canada, beaucoup de gens ont peu d'économies, mais ils possèdent une maison d'une valeur importante. S'ils décident de vendre leur maison pour déménager dans plus petit, il pourrait être avantageux de prendre une partie de cet argent pour souscrire à une rente et se garantir des revenus.»

Il faut savoir qu'au décès du rentier, les paiements cesseront et ses héritiers n'auront pas de droits sur la rente ou le capital.

Il est donc recommandé d'y combiner une assurance vie pour protéger les générations suivantes. On peut aussi ajouter une clause au contrat prévoyant une période garantie de paiements. Ils iront alors aux héritiers jusqu'à la fin de la période prévue.