Denis Malette est inquiet. Plus de cinq mois après la fermeture définitive de la papetière Smurfit-Stone de Portage-du-Fort, dans le Pontiac, cet ancien travailleur est toujours sans emploi et la relance de l'industrie forestière semble bien lointaine.

À l'instar de plusieurs de ses anciens collègues, il se rend régulièrement au local du comité de reclassement mis sur pied dès la fermeture de l'usine. Mais les emplois sont rares, même s'il est prêt à franchir, matin et soir, les 130 km qui séparent Fort-Coulonge de Gatineau, où subsistent encore quelques emplois dans les papetières toujours en activité. «Je travaillais chez Smurfit-Stone depuis presque 14 ans, à titre de conducteur de machine à papier. En 2007, nous avions déjà consenti d'importantes concessions salariales afin que l'usine demeure ouverte mais elle a quand même fermé ses portes le 31 octobre dernier. On voyait ça venir et on a réussi à obtenir de meilleures primes de séparation qu'auparavant mais ça ne nous redonne pas nos emplois», explique M. Malette. L'homme de 45 ans est marié et père de trois adolescents, dont deux fréquentent le cégep et l'université. Son épouse est sur le marché du travail et le couple prévoit réduire ses dépenses si la situation n'évolue pas d'ici juillet prochain.

Le comité de reclassement aide les travailleurs à trouver un nouvel emploi, à retourner aux études ou à créer leur propre entreprise. Denis Malette aimerait travailler dans le domaine de la construction mais il est pris dans le cercle vicieux de ceux qui n'ont pas la carte de compétence et qui ne peuvent pas travailler le nombre d'heures nécessaires pour l'obtenir. «Pour être un simple manoeuvre, il faut travailler 150 heures pour obtenir cette carte mais pour cela, il faut que les bassins de main-d'oeuvre soient ouverts et actuellement, ils ne le sont pas. Dans la construction, les salaires sont bons. En ville, il y a beaucoup d'emplois à 10$ ou 12$ l'heure mais ce n'est pas suffisant pour faire vivre une famille. Je suis bien prêt à me recycler mais dans quoi? De plus, à 45 ans, est-ce que je peux perdre un an à suivre une formation pour recommencer dans un nouveau domaine? On dit qu'il y a des pénuries de main-d'oeuvre dans plusieurs secteurs mais où sont-ils ces fameux emplois?» demande-t-il.

M. Malette trouve difficile de n'avoir rien à faire de ses journées. «Le matin, je me lève et je n'ai pas de but et je trouve difficile d'entretenir toujours l'espoir chaque fois que je pose ma candidature. J'aimerais mieux rencontrer un employeur et le convaincre de m'embaucher plutôt que d'attendre des réponses par courriel», conclut-il. Denis Malette se dit inquiet mais il n'est pas découragé pour autant. Même s'il n'y a que quelques postes disponibles dans son domaine, il est prêt à tenter sa chance une fois de plus.