Pour bien gérer son patrimoine, il faut utiliser les bons outils financiers. Ce troisième texte d'une série de 12 porte sur le crédit. La semaine prochaine, on abordera la fiscalité des particuliers.

Location d'auto, achats en ligne, abonnement au gym: en 2009, la carte de crédit est devenue presque essentielle. Et, dans de plus en plus d'occasions, on vérifie son dossier de crédit.

Or, cet outil de paiement est truffé de pièges qu'il faut savoir déjouer.

«On voit beaucoup de gens s'endetter et, par la suite, faire seulement le paiement minimum chaque mois parce que c'est suffisant pour se monter un bon crédit. Ces personnes sont fières d'y arriver et croient que tout est réglé. Or, leur dette demeure entière», indique Isabelle Thibeault, conseillère budgétaire à l'ACEF du Sud-Ouest.

Autre piège: le crédit est souvent vendu comme de l'argent qui tombe du ciel.

«Les gens savent que ce n'est pas vrai, mais la publicité est forte. À force de marteler un message, on finit par influencer le jugement des gens. Je vois souvent des personnes me dire, par exemple, de ne pas inclure leurs vêtements dans leur budget parce qu'ils les achèteront avec leur carte de crédit!», s'exclame Mme Thibeault.

Parlant de budget, c'est évidemment un incontournable pour bien gérer son crédit. Parce qu'avant d'emprunter, une personne doit connaître sa capacité réelle de remboursement. Si on achète une maison, il faut faire ses devoirs avec précaution.

«Il faut être très prudent, avoir des fonds pour les imprévus et pour continuer à épargner», indique Nathalie Bachand, planificatrice financière indépendante.

Bien des utilisateurs de cartes de crédit ne connaissent pas non plus la méthode de calcul des intérêts, constate Isabelle Thibeault, «Si on a un solde de 1000$ et qu'on paye 200$, les intérêts sont tout de même calculés sur le 1000$», dit-elle.

Elle remarque aussi que bien des gens ne savent pas qu'après quelques mois de non-paiement, plusieurs compagnies de crédit se gardent le droit d'aller chercher leur dû directement dans le compte en banque.

«Ça peut causer de bien mauvaises surprises», prévient-elle.

Le bon crédit

Si on arrive à gérer son crédit plutôt qu'à se laisser gérer par lui, il peut s'avérer être un bon outil pour faire de très bonnes affaires.

D'abord, d'après Guylaine Dufresne, directrice, planification financière, à la Banque Laurentienne, il faut différencier le mauvais crédit du bon.

«Lorsque j'achète une maison, je prends une hypothèque, mais au fil des ans, la maison prend de la valeur. C'est un investissement. Toutefois, si j'achète un bien de consommation à crédit, comme une télévision ou un ordinateur, c'est une dette parce que ces biens perdent de la valeur avec les années. «

Acheter une maison, c'est un placement qui n'a pas un taux de rendement mirobolant, mais, à long terme, cela peut aider à accumuler efficacement du patrimoine.

«Lorsque la maison est presque payée, on peut la mettre en garantie pour que la banque nous prête de l'argent à un très bon taux pour faire d'autres investissements», indique Mme Dufresne.

On peut ainsi investir dans une autre propriété ou dans son REER par exemple.

«Si on a 45 ou 50 ans, qu'on a une maison presque payée d'une valeur de 250 000$ et qu'on a peu de REER, on peut emprunter par exemple 50 000$, ce qui nous donnera un remboursement d'impôt d'environ 20 000$ qu'on remettra à la banque. Ensuite, il faudra rembourser seulement 30 000$ emprunté à très bon taux et on aura 50 000$ de plus à faire fructifier dans son REER», indique la planificatrice financière.

Utilisé à bon escient, le crédit peut donc être très profitable.

«Toutefois, chacun doit se discipliner et se responsabiliser. C'est trop facile de dire que l'endettement effréné est la faute des banques et de la société. Il faut réapprendre à épargner et chacun doit se prendre en main», affirme Guylaine Dufresne.

 

LE CRÉDIT DANS LE COUPLE

Comment limiter les dégâts ?

Chacun de son côté, le plus possible. «Je le dis et je l'assume: dans un couple, il faut avoir lemoins possible de crédit en commun», affirme Lison Chèvrefils, planificatrice financière et coauteure du livre Les bons comptes font les bons couples.

Pourquoi? «Parce que dans la vie, lorsqu'on passe la porte de la maison, on a toujours un paquet de problèmes à régler. Est-ce qu'on peut s'arranger pour garder ça le plus cool possible à la maison?»

On le sait, tous n'ont pas le même rapport à l'argent et c'est la source de conflit numéro un dans le couple. De plus, Mme Chèvrefils ne voit aucun avantage à avoir une carte ou unemarge de crédit commune. «À moins, bien sûr, qu'un des deux se voie refuser le crédit. Si c'est le cas, il aurait peut-être quelques efforts à faire, parce que c'est si facile d'avoir des cartes de crédit aujourd'hui.»

 

LE CRÉDIT EN COMMUN

Lorsqu'on n'a pas le choix !

Là où on ne s'en sort pas, c'est pour les gros achats communs, comme la maison, le chalet ou les rénovations. «Il faut en discuter avec son conjoint, parce qu'il faut évidemment rembourser ce crédit à deux. Lorsque dans un couple, les salaires sont inégaux, il faut payer au prorata de son salaire. Sinon, ce n'est pas juste parce qu'il y en a un qui s'enrichit au détriment de l'autre», affirme Lison Chèvrefils.

Et lorsqu'on fait de tels achats, il faut se protéger. «Si chacun n'a pas une mise de fonds comparable pour la maison, il faut l'indiquer chez le notaire. Il faut aussi prévoir, en cas de séparation, comment on se séparera le profit de la vente ou encore, les conditions de rachat de la part de l'autre», explique-t-elle.