Le fabricant de panneaux d'ailes d'avion Sonaca Montréal affronte des vents contraires. Mais il y a un tout petit vent d'optimisme qui se fait ressentir malgré tout.

Le ralentissement des cadences de production chez ses grands clients, Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], Embraer et Gulfstream, a récemment forcé Sonaca Montréal à mettre à pied 14% de son personnel. Or, l'entreprise devrait annoncer bientôt un contrat avec un nouveau client dans le domaine de l'aviation d'affaires.

 

Elle entend également élargir les mandats que lui ont confiés les clients existants «en jouant la carte de l'intégration». Au lieu de se limiter à fabriquer des panneaux d'ailes, elle veut intégrer des pièces provenant d'autres fournisseurs et fournir aux clients des sous-ensembles plus complets.

«À courte échéance, nous pourrions avoir une bonne nouvelle qui nous permettrait de rappeler des employés», a déclaré le chef de la direction de Sonaca Montréal, Philippe Hoste, lors d'un entretien avec La Presse Affaires dans les bureaux de l'entreprise à Mirabel.

Cette fameuse «carte de l'intégration» a déjà commencé à payer: Bombardier a choisi Sonaca Montréal comme partenaire pour le CRJ1000, son plus gros biréacteur régional.

Souriant malgré le ralentissement économique, et malgré les slogans revendicateurs inscrits sur les t-shirts jaune vif des syndiqués en pleine période de négociation, M. Hoste a tenu à souligner que Sonaca Montréal n'avait pas perdu de clients ou de programmes.

«Les mises à pied, c'est dû au fait que les clients nous demandent de ralentir la cadence. C'est un temps d'arrêt dans notre progression.»

Sonaca Montréal maintient notamment son projet d'investissement de 17 millions de dollars annoncé en 2007. Il sera simplement étalé sur trois ans plutôt que deux. «Nous voulons continuer à nous préparer pour la reprise», a lancé M. Hoste.

À en croire la société belge Sonaca, maison mère de Sonaca Montréal, si l'industrie aéronautique québécoise ne vole pas très haut aujourd'hui, c'est bien pire ailleurs. «De toutes nos usines de production, celle du Canada est la moins touchée, a affirmé Bernard Delvaux, un directeur de Sonaca en visite à Mirabel. Quand on vient d'Europe, c'est étonnant de voir l'optimisme qui règne ici.»

Outre les installations de Sonaca Montréal à Mirabel, Sonaca exploite des usines en Belgique, au Brésil et aux États-Unis. La Belgique a été particulièrement touchée par la crise bancaire, puis par la crise manufacturière.

«Actuellement, en Belgique et en Europe, la crise est extrêmement profonde, a déclaré M. Delvaux. On arrive ici, on trouve une économie qui subit un petit ralentissement mais qui ne s'inquiète pas trop, qui parle de la relance à court terme. C'est très étonnant, très encourageant.»

Il s'étonne particulièrement de constater que le système bancaire canadien est encore très stable et solide.

«Les grandes banques de Belgique sont dans un état catastrophique, a-t-il lancé. Je ne sais pas si vous sentez cela, mais vous êtes en décalage par rapport à l'Europe, par rapport aux États-Unis. Vous êtes du bon côté.»

Comme les installations belges, l'usine de Sonaca à Wichita, au Kansas, est particulièrement touchée par le ralentissement. Elle fabrique essentiellement des panneaux d'ailes pour un appareil de Hawker Beechcraft, le Premier 1A. Or, l'avionneur ne fabriquera pas ce modèle cette année.

«Zéro avion, a lancé Michel Milecan, directeur des opérations nord-américaines de Sonaca. Ça, ça fait mal.»

 

L'entreprise

Sonaca Montréal, une filiale de la société belge Sonaca, fabrique des panneaux d'ailes d'avion dans son usine de Mirabel pour des appareils de Bombardier, Embraer et Gulfstream. Après la présente vague de mises à pied, elle comptera 243 employés.

Défis

Afin de suppléer à la diminution de la cadence de production de ses clients actuels, Sonaca Montréal doit décrocher des contrats avec de nouveaux clients dans le domaine de l'aviation d'affaires et élargir les mandats de ses clients existants.

Stratégie

Sonaca Montréal veut jouer la carte de l'intégration en offrant à ses clients davantage de sous-ensembles intégrés. Les avionneurs veulent réduire le nombre de leurs fournisseurs et faire affaire avec des intégrateurs.