Les rendements des différents fonds communs sont négatifs et plusieurs investisseurs sont pris de panique. Ils ont envie de tout vendre et de placer leur argent sous leur matelas, comme dans le bon vieux temps.

Mais attention! Cette attitude serait la pire à adopter en temps de crise, selon les experts consultés.

«Il ne faut surtout pas réagir sous le coup de l'émotion», affirme Denis L'Hostie, directeur principal à la planification financière à la Banque Laurentienne.

«Les néophytes qui se lancent dans une course au rendement à court terme sont très rarement gagnants. Ils sont souvent en retard et se retrouvent à acheter les actions au pire moment, quand le prix est très élevé, et à les vendre aussi au pire moment, après une grande perte de valeur», explique Marie-Claude Côté, chef de produits, Fonds Desjardins.

Tous les experts consultés s'entendent pour dire qu'en temps de crise, il ne faut surtout pas cesser d'économiser et d'investir en vue de réaliser ses projets.

«La crise est peut-être même une belle occasion de continuer à investir dans les marchés boursiers, ajoute Mme Côté. Les prix d'achat sont très bas actuellement et inévitablement, les marchés rebondiront.»

L'importance du plan

En fait, lors d'une crise, l'investisseur doit retourner à la base: son plan financier, croit Alain Mercier, planificateur financier à la Banque Nationale.

«Pour faire le plan financier d'un investisseur, on regarde ses sources de revenus, son âge, ses actifs, ses projets, son horizon de placement, ses besoins à la retraite, sa situation fiscale, sa tolérance au risque, etc. Avec ces informations, on détermine les sommes à mettre de côté et le rendement attendu. Ensuite, on regarde les types de placements appropriés», explique-t-il.

Alain Mercier remarque qu'avec un plan financier, les investisseurs passent généralement beaucoup mieux à travers la crise, parce qu'ils ont appris à ne pas regarder seulement le rendement à court terme.

«Lorsqu'on a un plan, on regarde ses objectifs et la plupart du temps, on réalise qu'on sera en mesure de les atteindre malgré les difficultés passagères. Lorsqu'on fait un plan financier, généralement, on se rend compte également qu'on n'a pas besoin d'aller vers les placements trop risqués», ajoute-t-il.

Aux Fonds Desjardins, Marie-Claude Côté croit également que le plan est indispensable.

«Règle générale, s'il est toujours pertinent avec sa situation, on doit continuer à le suivre, crise ou pas. Toutefois, si on réalise qu'on n'est plus tout à fait à l'aise avec son plan, on doit aller rencontrer son conseiller pour en discuter.»

La tolérance au risque

Le risque empêche plusieurs épargnants de dormir par les temps qui courent! Or, lorsque l'investisseur respecte sa tolérance, cela ne devrait pas arriver.

«On voit bien des gens qui, avec la crise, réalisent que leur tolérance au risque est moindre que ce qu'ils avaient imaginé. Pourtant, lorsque la tolérance au risque est bien évaluée par le planificateur financier, elle ne devrait pas changer en temps de crise», affirme Alain Mercier.

Les réajustements se voient souvent auprès des nouveaux investisseurs, remarque Denis L'Hostie de la Banque Laurentienne.

«Quelqu'un qui investit seulement depuis quatre ou cinq ans, alors que tout a toujours bien été, a certainement fait le saut avec l'effondrement des marchés l'automne dernier, dit-il. Bien des gens disent qu'ils sont capables de subir un certain niveau de volatilité, mais lorsqu'ils le vivent réellement, ils réalisent qu'ils sont moins tolérants qu'ils le pensaient.»

Dans ces cas-là, il ne faut pas hésiter à rencontrer son planificateur financier pour faire le point. Et il faut vraiment arriver à développer une relation de confiance avec son conseiller.

«C'est très important, surtout en temps de crise», ajoute M. L'Hostie.

 

LES PORTEFEUILLES MODÈLES

L'une des règles d'or en matière d'investissement est de toujours s'assurer d'avoir un portefeuille équilibré en fonction de son profil d'investisseur.

Par exemple, on peut déterminer qu'un investisseur tolère bien 50% d'actions et 50% d'obligations. Il doit donc investir en conséquence.

« Toutefois , i l faut garder l'oeil ouvert sur son portefeuille et s'assurer qu'il demeure équilibré «, affirme Alain Mercier, planificateur financier à la Banque Nationale.

Parce que si les actions perdent beaucoup de valeur, comme l'automne dernier, il faudra en acheter de nouvelles pour retrouver l'équilibre de 50% d'actions et 50% d'obligations. Vice-versa. «Pour une personne qui commence à investir, on conseille souvent d'aller vers les portefeuilles modèles qui investissent dans différents fonds et qui sont constitués pour différents types d'investisseurs «, indique M. Mercier.

« Effectivement, les por tefeuilles modèles facilitent la tâche des investisseurs puisque le rééquilibrage est automatiquement pris en charge par les gestionnaires du portefeuille», ajoute Marie-Claude Côté, chef de produits, Fonds Desjardins