Pour économiser, Harry Braunstein et sa femme ont supprimé les sorties au resto et changé du tout au tout leur façon de faire l'épicerie. Exit la viande, bonjour les spaghettis.

«On mange beaucoup de pâtes maintenant», dit le jeune homme de 29 ans, attablé dans un café de Brooklyn Heights, à deux pas de chez lui.

M. Braunstein a perdu son boulot de courtier dans une grosse firme de Manhattan à la fin novembre, en même temps que tous les membres de son service. Il était là depuis à peine 18 mois, dans un poste junior, mais entretenait de grandes ambitions.

«Je ne faisais pas encore une fortune, mais le potentiel était là, dit-il. J'avais le pied dans la porte. Je voulais vraiment que ça marche, je travaillais plus de 55 heures par semaine.»

Il a passé trois entrevues depuis son licenciement, sans résultat. Il vit grâce à ses maigres prestations d'assurance chômage et au salaire de sa femme, travailleuse sociale. Par chance, le jeune couple et son bébé de 20 mois habitent un appartement qui appartient aux parents d'Harry.

Le jeune homme garde le sourire et paraît serein. «Je suis une personne positive, je crois qu'il faut demeurer positif. Personne ne voudra embaucher une personne négative, qui se complaît dans sa misère.»

Il admet aussi trouver de bons côtés au fait d'être plus souvent à la maison. «Quand je travaillais 55 ou 60 heures par semaine, je ne voyais pas aussi souvent ma femme et mon fils.»

Il reste que la blessure est vive au plan professionnel. «Le plus gros impact a été à ma fierté: c'est la première fois que je suis licencié», admet-il.

Juste après notre rencontre, Harry Braunstein doit se rendre à la bibliothèque municipale, pour envoyer des CV par internet. Il postule à gauche et à droite et avoue avoir fortement abaissé ses critères de recherche au fil des semaines. Il est prêt à accepter n'importe quel job, ou presque. Il songe aussi à s'inscrire à l'université.

«J'ai toujours voulu retourner à l'école, et je crois que c'est le moment, dit-il. Je ne vois pas ma carrière progresser dans l'industrie financière au cours des prochaines années...»

Son sujet de prédilection: la psychologie des investisseurs!