Les pertes de la Caisse de dépôt sèment l'inquiétude au sein d'une foule de groupes d'intérêt au Québec et tous s'entendent pour réclamer de sérieuses réflexions sur ses politiques de placement.

 Au Conseil du patronat du Québec, l'on craint que les tarifs de la Commission de la santé et de la sécurité du travail et de la Régie des rentes soient révisés à la hausse pour les remettre à flôt mais que ce soit fait de façon trop rapide, compte tenu de la récession.

«Les employeurs du Québec devront inévitablement payer les pots cassés mais personne ne gagnerait à ce qu'ils soient forcés de les payer pendant qu'ils connaissent eux aussi leur lot de défis économiques à surmonter, dit Norma Kozhaya, économiste en chef du CPQ.

L'organisme qui représente les entreprises a très hâte de voir un PDG permanent à la tête de la Caisse. «Les employeurs et les travailleurs qui cotisent aux fonds administrés doivent savoir qui est à la barre de l'institution en cette période difficile, ajoute Mme Kozhaya. Le gouvernement doit donc procéder dans les plus brefs délais à la nomination des membres du conseil d'administration et du président et chef de la direction de l'organisme.»

Du côté des syndicats, la Fédération des travailleurs du Québec demande une gestion plus prudente de l'épargne retraite des Québécois.

«Il faut mettre un terme à l'obsession du rendement à tout prix, dit le président Michel Arsenault.. Il est paradoxal que le tournant vers le rendement à tout prix semble avoir

généré des pertes sans précédent. Visiblement cela ne fonctionne pas.»

Au Mouvement d'éducation et de défense des actionnaires, présidé par Claude Béland, on craint que la demande de publier des résultats trimestriels ne crée une situation ingérable.

Après que la Caisse eut divulgué ses résultats catastrophiques de 2008, M. Béland s'est prononcé contre une publication plus fréquente des résultats, «ce qui aurait pour effet d'accroître la pression au rendement à court terme».

Pour sa part, «L'Association démocratique des retraités (ADR) est estomaquée par l'ampleur du déficit, déclare Aline Couillard, vice-présidente. Il y a quelqu'un, quelque part, qui n'a pas fait son travail correctement.»

L'ADR demande qu'une commission parlementaire et que le Vérificateur général du Québec passent au peigne fin les décisions qui ont mené vers les pertes de presque 40 milliards de dollars.

L'Association des retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ) a lancé un message similaire et demandé à ce que des dirigeants antérieurs fassent partie des personnes questionnées..

«La population québécoise et en particulier les personnes retraitées des services publics, dont les fonds de retraite sont gérés par la Caisse, sont en droit d'obtenir rapidement des réponses claires sur les raisons pour lesquelles la Caisse a enregistré des pertes beaucoup plus élevées que d'autres fonds de placement semblables», affirme Mariette Gélinas, présidente de l'AREQ.